Cet article conclut (provisoirement) la série sur l’après COVID à Saint-Pierre-et-Miquelon présentée ICI.
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Après les États généraux de Saint-Pierre-et-Miquelon en juin 2009, après l’opération de communication des « Assises des Outre-mer » en 2017, l’archipel n’est pas en marche en matière économique et sociale. Le point central de toutes les réformes nécessaires pour l’avenir de l’archipel figure dans ce rapport des États généraux de 2009 : (voir ICI)
Extrait de la page 2 du rapport :
Les collectivités n’ont pas les moyens d’assumer leurs compétences.
Les collectivités locales de l’Archipel ne disposent pas des moyens juridiques et financiers d’exercer directement les compétences qui leur sont dévolues.
Les dotations de l’État sont insuffisantes pour faire face au transfert des compétences – en particulier dans le domaine social – et aux charges structurelles de l’archipel (entretien des routes, déchets ménagers…).
La Collectivité territoriale ne dispose pas des moyens humains et d’expertise suffisants lui permettant d’exercer pleinement ses larges prérogatives et de se recentrer sur ses missions de développement économique et d’aménagement du territoire.
(Rapport complet voir ICI)
Si les dotations de l’État sont importantes, elles ne suffisent toujours pas pour assurer l’équité économique et sociale des habitants de l’archipel avec ceux de la métropole. Comme je le souligne dans l’article consacré à la révolution fiscale dans l’archipel, la contribution de l’État devrait augmenter de 10% environ pour atteindre cet objectif.
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Je n’ai rien inventé mais proposé cinq pistes de réflexions complémentaires pour tenter de conjuguer l’économique et le social. Concernant l’économie des compétences sont là. Concernant le social, comme souligné dans le rapport de 2009, « La faiblesse du dialogue social dans l’archipel est unanimement reconnue…. Cette insuffisance d’implantation syndicale ne permet pas d’accompagner les salariés confrontés à des difficultés quotidiennes ou pour les anticiper….Cette insuffisance d’implantation syndicale est à considérer en cas de crise sociale grave. » C’est un constat qui n’a pas changé et qui favorise l’inertie sociale.
Le confortable niveau d’épargne dans l’archipel peut-il expliquer cela ?
Pendant que le Président de la République ne cesse de se réinventer, dans l’archipel c’est le député qui exprime avec 66 autres, sa volonté de voir les jours d’après différents des jours d’avant (Voir ICI)
» Il nous faudra de la rupture, de l’audace, de l’ambition, de nouvelles règles, des moyens décuplés. Il nous faudra réapprendre la sobriété, la solidarité et l’innovation. Un simple plan de relance ne suffira pas. Il nous faut réfléchir dès maintenant et collectivement à un grand plan de transformation de notre société et de notre économie. «
(66 propositions ICI)
Partant de ces annonces, deux options s’offrent à nous. La première consiste à attendre et voir ce que va nous proposer le gouvernement, ou celui qui va suivre en juillet. De mon point de vue, rien de bon ! La seconde c’est d’exprimer ce qui nous parait être le meilleur pour qu’effectivement les jours d’après ne suivent pas les jours d’avant. C’est cette deuxième option qui a remporté mon adhésion par la publication de 5 pistes de réflexions pour l’archipel.
- Assurer la sécurité alimentaire de l’archipel,
- Instaurer un revenu de base,
- Créer une monnaie locale ,
- Engager une révolution fiscale et commerciale.
- Développer une santé au travail universelle pour le territoire
Ces 5 chapitres, qui complètent les propositions concrétés des États généraux de 2009, représentent en fait un seul et même projet. Un archipel qui doit conjuguer l’équilibre économique avec le bonheur social.
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Pourquoi changer lorsque 80% de la population semble comblée ?
Je connais déjà une partie des réticences que cette ambition suscite. L’archipel se porte bien, il détient le record du nombre de voitures et de bateaux par habitant. Les plus riches connaissent une réserve confortable comme en témoigne le tableau ci-dessous qui renseigne les sommes déposées sur les différents comptes des habitants de l’archipel :

Cela représente en moyenne plus de 90 000 € de réserve pour chacun des 2000 foyers fiscaux qui paient des impôts ! Avec ceux qui ont beaucoup plus et ceux qui ont beaucoup mois ! En même temps, d’autres n’ont aucune réserve, voire empilent les découverts bancaires !
Note: Livret développement durable: toute personne majeure qui a son domicile fiscal en France peut ouvrir un livret de développement durable et solidaire (LDDS). En matière fiscale SPM n’est pas rattaché à la France.
Le nombre de LDDS est limité à un par personne (ou 2 livrets maximum par foyer fiscal).
D’un autre côté il n’y a « que » :
- 101 foyers bénéficiaires de l’Allocation de Rentrée Scolaire ; c’est-à-dire des familles qui perçoivent moins de 2 384 € par mois (Couple à 1 ou 2 revenus et personne isolée),
- 13 foyers bénéficiaires du Revenu de Solidarité Active ; c’est à dire un revenu total de 568 € par mois pour un célibataire et 847 € pour un couple,
- 1 foyer bénéficiaire du Revenu de Solidarité, c’est à dire un revenu total pour un célibataire de 914 € et de 1436 € pour un couple !
Rien que le fait de savoir qu’il existe dans l’archipel des célibataires qui n’ont que 568 € par mois pour vivre et des couples à 847 € me révulse, même s’ils sont certainement hébergés dans leur famille, ou par la Collectivité. Ce n’est pas digne !
Éradiquer la pauvreté c’est supprimer ce constat ! Pas besoin de faire des conférences, des grands plans de lutte contre la pauvreté qui ne sont en fait que des opérations de communications politiques indécentes.
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En résumé :
Ce confinement 2020 doit nous conduire à placer l’archipel dans une bonne dynamique économique et sociale.
1 – Assurer la sécurité alimentaire de l’archipel, doit être renforcée en particulier en matières maraichères et d’élevages. Nous devons assurer une grande partie des besoins alimentaires de base. Des légumes, des fruits, des œufs, du lait, un peu de viande, etc.
2 – Instaurer un revenu de base, au delà d’éradiquer définitivement la pauvreté dans l’archipel, permettra d’assurer un revenu stable aux producteurs locaux, encouragera les initiatives économiques, renforcera le tissu social, contribuera à la baisse des prix. Mais ce revenu de base permettra aussi un développement de la culture par des artistes, musiciens, écrivains, peintres, libérés de la contrainte financière.
3 – Créer une monnaie locale, donne du sens aux échanges locaux, améliore les relations entre les commerçants et les clients, encourage la production locale et la création d’emplois locaux. Elle permet de donner un outil à la solidarité entre gens du même espace.
4 – Engager une révolution fiscale et commerciale, c’est avant tout préserver un principe redistributif unique et équitable de l’archipel tout en demandant à l’État d’assurer toute sa part pour l’équité fiscale avec les métropolitains. C’est aussi une baisse des taxes et une réforme des circuits du commerce local pour obtenir de meilleurs prix.
5 – Développer une santé au travail universelle pour le territoire, permet de considérer chaque travailleur, quel que soit son secteur d’activité, comme une personne qui mérite la bienveillance. Le travail présente des risques physiques, psychiques, environnementaux qui doivent être prévenus par une équipe qualifiée et disponible sur place.
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Et maintenant ?
Je me suis engagé avec le Collectif « Bien-vivre 975 » avec mes faiblesses, mes doutes, mes impertinences, mes erreurs parfois et donc, j’apprends ! Ce Collectif permet de gommer ces faiblesses, de parfaire les savoirs, de calmer ou d’exciter les impatiences. C’est l’objet de toutes les associations où les personnes ne viennent pas rechercher un intérêt personnel mais servir un intérêt collectif. C’est ce qu’on appelle dans le statut des associations, le « but »: mettre en commun ses disponibilités et ses compétences pour servir un intérêt collectif. Si vous êtes membre d’une association, d’un syndicat, d’un parti politique ou d’un collectif citoyen, c’est que vous partagez un même but !
Les cinq pistes que j’ai présentées ci-dessus ne servent qu’un seul et même but :
Placer l’archipel dans une bonne dynamique économique et sociale en faisant preuve de solidarité et de bienveillance, sans que personne ne reste sur le bord du chemin. .
Toutes les compétences sont nécessaires. Des élus(es) comme des techniciens (nes), des employeurs comme des salariés(ées) du privé comme du public, des actifs comme des retraités(ées). Les idées sont là !
Il y a déjà eu des États Généraux de l’Outre-Mer à Saint-Pierre-et-Miquelon en 2009 avec la publication d’un rapport qui trace de nombreuses pistes de réflexions. Celles que je viens de verser au débat viennent les compléter. Rassembler autour d’une même table les élus, les parlementaires, les techniciens des sujets traités, les syndicats, les employeurs, les associations, les citoyens volontaires ? Ce serait une bonne initiative. Réfléchir ensemble pour que l’archipel soit plus confiant en son avenir, en dehors de tout esprit partisan. Conjuguer l’économique et le social de manière apaisée.
« Soyons réaliste, exigeons l’impossible ».
Pour une suite, un contact c’est ICI
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