Le 1er mai : la fête du travail… mais pas du ruissellement !

L’illustration ci-dessous date du 28 avril 1906. Elle est parue par un journal ouvrier dont vous pouvez consulter l’exemplaire ICI. Ce n’était pas, l’ordonnance d’un chronobiologiste expliquant notre horloge interne qui impose un cycle de 24 heures à notre organisme (*) ; non, c’était une revendication ouvrière qui refusait le travail en 12 heures par jour ! Ils étaient fatigués, usés et ils revendiquaient les trois huit :

8 heures de travail, 8 heures de loisir, 8 heures de sommeil !

Le 23 avril 1919, le sénat français ratifie la loi des 8 heures et fait du 1er mai 1919 une journée chômée. (Wikipédia)

« 8 heures de travail, 8 heures de loisirs, 8 heures de sommeil ». Dessin de Jules Grandjouan, paru dans L’Assiette au beurre en 1906

Dans le même numéro de la revue :

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Aujourd’hui, tout va très vite, tout est zappé, tout doit se passer dans l’instant. Le travailleur se trouve isolé dans de petites entreprises, et donc, non-syndiqué (comment pourrait-il l’être ?). L’intérêt collectif n’est plus traité et les quelques militants syndicaux, qui s’ébattent dans leur conseil d’entreprise ou dans les ministères, ne sont plus écoutés. Le dialogue social devient un leurre, une activité occupationnelle qui traite de l’écume des vagues et non plus de l’essentiel qui reste la juste répartition des efforts du travail.

Les employeurs directs ont disparu et ne sont plus que les relais d’un système qui a pris les commandes. Les entrepreneurs d’hier sont devenus les sous-traitants d’aujourd’hui. Les grandes entreprises sont des conglomérats internationaux sans âme, sans états d’âmes ! Il en est de même dans les services publics, dans la fonction publique, à l’image d’un hôpital transformé en usine à soins aussi froide que l’acier, aux directions excentrées loin du travail. Il n’y a plus personne qui puissent répondre directement aux demandes des travailleurs.

La fête du travail marque une journée de revendication pour les travailleurs, mais les travailleurs sont éclatés géographiquement, syndicalement et politiquement ! Dans le cadre du régime néolibéral que nous connaissons, ils ne peuvent s’en sortir qu’en arrachant par la grève quelques gouttes du ruissellement inopérant qu’organise cette société capitaliste et bourgeoise.

Lorsque l’humain deviendra la priorité de chacun, au-delà du pré carré de sa seule personne, lorsque le capitalisme néolibéral sera renversé pacifiquement, alors les travailleurs regagneront leur fierté et la juste rétribution de leur travail.

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(*) J’ai participé au plan national à un projet de protocole de prévention des risques professionnels pour les personnels hospitaliers qui étaient contraints de travailler en 12 heures. Les directeurs d’hôpitaux encouragent cette pratique qui permet d’économiser des emplois. Lorsque les mesures de prévention se sont avérées trop contraignantes et entravaient les économies à réaliser, le ministère de la Santé a bloqué les discussions. Le protocole n’est jamais paru. Le même blocage s’est trouvé au niveau de la caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM) ou là encore, j’avais initié ce débat pour les salariés du secteur privé. La prévention des risques professionnels n’est pas compatible avec le capitalisme néolibéral.

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