L’isthme de la discorde !

Importante mobilisation de la population pour éviter de voir l’État larguer les amarres du « vaisseau Langlade » !

Les lecteurs du blog ne connaissent pas tous, la beauté de l’archipel, son histoire et le besoin commun de ses habitants de vouloir s’évader du caillou de Saint-Pierre le temps d’un week-end ou pour les vacances scolaires. La commune de Miquelon-Langlade offre ce lieu de villégiature pour certains d’entre eux. (1).

Pour rappel ; un voyage à Montréal, c’est 800 €, pour Paris, c’est en moyenne 1 500 €, et s’il faut une voiture pour le séjour, ce sont près de 2 500 € de frais de transport, hors hébergement, qui sont nécessaires. Et donc, nombreux sont ceux qui ont organisé leur évasion sur Miquelon-Langlade, dans une maison secondaire, un chalet ou une caravane. Pour la saison estivale, une épicerie alimente les nombreux vacanciers qui résident à Langlade. « Chez Annick » ( Rien à voir avec le prénom de la Ministre locale Annick Girardin).

La seule liaison entre les deux iles est assurée par une route entretenue par le Conseil Territorial. Suite aux tempêtes de l’hiver, elle vient d’être coupée à l’endroit indiqué sur la photo ci-dessous. Contrairement à Miquelon, l’île de Langlade ne compte ni port, ni aéroport ! La route coupée signifie l’impossibilité de la rejoindre.

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Que faut-il faire ?

La population serait partagée entre les partisans du laisser faire la nature et s’adapter, 53 % et 43 % pour sauver la route quoi qu’il en coûte (2). S’agit-il d’une distinction entre les habitants qui ont des intérêts à Miquelon-Langlade et les autres ? Le sondage ne questionne pas le sujet.

Toujours est-il que sans un port, sans une piste atterrissage pour relier Langlade au reste de l’archipel, la coupure entre les deux iles pose de nombreux problèmes. Les solutions à court terme consistent à rétablir la liaison routière. Sur le long terme, les spécialistes de ces questions complexes exposeront les leur. La nécessité d’agir avant cet été n’est contestée par personne.

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Qui doit payer ?

Le préfet de l’archipel, dans sa bonhomie naturelle et dans son apparent bon droit, botte en touche ! C’est pas ma route ! Dans des situations identiques sur le littoral de la métropole les financements sont partagés comme le montre les deux exemples ci-dessous :

1- Charente Maritime le « Plan digue » est financé ainsi :

  • État : 40 % (fonds de prévention des risques naturels majeurs, dits fonds Barnier)
  • Département : 20 % (maître d’ouvrage)
  • Région : 20 %
  • Communes et EPCI : 20 %

2- Pour la protection de la côte Landaise c’est différent :

  • État : 2 %
  • Département : 10 %
  • Région : 10 %
  • Communauté des Communes : 20 %
  • Europe : 58 % (Fonds européen de développement régional – FEDER)

À Saint-Pierre-et-Miquelon, la Collectivité Territoriale regroupe à la fois le rôle de la Communauté des Communes, du département et de la Région ! L’Europe peut-elle intervenir ? En attendant, l’État doit se porter aux côtés de la Collectivité pour compenser cette solitude financière.

Le problème s’est déjà posé en 2009 ! Qu’a fait l’État à cette époque ? A-t’il participé ? A quelle hauteur ?

Qui peut penser une seule seconde que les 4000 foyers fiscaux de l’archipel pourraient financer à eux seuls ces travaux d’urgence ?

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Selon le Préfet, l’État financerait 75 % de la commande publique dans l’archipel ???

Le bilan 2019 rapporté par SPM 1ère fait état de :

  • État : 49,46 % (9,1 M€)
  • Collectivité territoriale : 35,33 % (6,5 M€)
  • Mairie de Saint-Pierre : 14,13 % (2,6 M€)
  • Mairie de Miquelon : 1,09 % (0,2 M€)

Bilan 2020 pour le BTP, selon des sources concordantes :

  • État : 61,98 % (21,7 M€)
  • Collectivité territoriale : 31,13 % (10,9 M€)
  • Mairie de Saint-Pierre : 6,28 % (2,2 M€)
  • Mairie de Miquelon : 0,61 % (0,212 M€)

Perspectives sur 2021, selon des sources concordantes :

  • État : 18,76 % (8,2 M€)
  • Collectivité territoriale : 60,41 % (26,4 M€)
  • Mairie de Saint-Pierre : 11,90 % (5,2 M€)
  • Mairie de Miquelon : 8,92 % (3,9 M€)

Il en manque pour arriver aux 75 % annoncés par le préfet !

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Le bon sens voudrait…

Si la Collectivité semble avoir pris des engagements financiers forts pour rétablir au plus vite la liaison entre les deux îles, elle ne peut rester seule dans cette opération. C’est une catastrophe naturelle qui mérite la solidarité de toutes les parties, communes, collectivités, mais aussi l’État, voire l’Europe comme c’est le cas pour le littoral Aquitain.

Pour le long terme, les rapports ne sont pas très optimistes, mais ils ne prennent pas en compte les interventions possibles de protection de l’isthme qui seront entreprises d’ici 2100, date prévisible d’une séparation naturelle !

Fixer un objectif, programmer, financer pour les générations futures. (Après 2022….)

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(1) « Pour certains d’entre-eux » signifie : pour les personnes qui ont un hébergement sur Miquelon-Langlade.

(2) – Sondage réalisé par la rédaction de cheznoo.net : voir ICI

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Article précédent sur le sujet : « La fin de l’Isthme a t’il sonné ? »