Compte tenu de l’émotion justifiée que suscite l’effondrement de la route entre Miquelon et Langlade, il apparaît utile de rechercher des éléments objectifs sur l’évolution probable de l’isthme. Il est à noter, à la page 125 d’un document publié en octobre 2020 – (Dynamiques et évolution du littoral- Fascicule 11 : Synthèse des connaissances de Saint-Pierre-et-Miquelon), qu’une étude existe sur l’Isthme de Miquelon-Langlade. Elle fait état des travaux d’une recherche, soutenue par la DTAM, le ministère des Outre-mer, le Conservatoire du Littoral et le Conseil territorial, publié en 2013. (“Étude Globale de l’Isthme de Miquelon-Langlade”2010-2013)
Dans les pages 156 et suivantes (sur les 282 que compte la publication), nous pouvons lire ;
Synthèse de la problématique « route » et sur quelle échelle de temps ?
IV.5.1 – À l’heure actuelle – page 156
« Au kilomètre 3.2 la route vient se placer du côté maritime. Ce point marque le départ des enrochements de protection de la côte ouest de l’isthme. L’accrétion anthropique due à ces ouvrages s’étend jusqu’au kilomètre 5.5. L’apparente stabilité du trait de côte n’empêche pas la route d’être attaquée lors des tempêtes hivernales quel que soit le niveau de marée comme en témoignent la déstabilisation de blocs et la détérioration des ouvrages. Ce risque provient de la construction de la route en avant de la position du trait de côte de 1949, dans une zone instable soumise aux aléas naturel. »
IV.5.2 – Dans le futur (2100) – page 158
« Il est essentiel de se poser la question du maintien à long terme d’une route traversant l’isthme. Les enjeux humains sur cette étroite bande de sable sont faibles (fermes, chasse de loisir, observatoire ornithologique et fréquentation estivale de la plage de Sauveur). La construction d’une nouvelle route côté Barachois posera également un souci pour les générations futures, car les problèmes actuels rencontrés sur la façade maritime vont se développer sur la façade lagunaire (inondation et agression par les vagues). D’autres solutions que celles développées actuellement (enrochement ou relocalisation de la route) doivent probablement être envisagées comme des ouvrages de défense sous-marin ou un rechargement sédimentaire de l’avant-côte. Néanmoins, les tendances d’augmentation du niveau marin et des changements climatiques risquent de rendre ces solutions dérisoires sur un horizon 2100. » (Page 158)
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Et maintenant ? Que faut-il faire ?
Certainement pas d’entretenir la polémique stérile lancée par la Ministre. Les chercheurs ne sont pas là pour apporter des réponses mais seulement offrir des perspectives. Celles qu’ils nous présentent ci-dessus, indiquent que les enrochements ou la relocalisation de la route doivent probablement être envisagés (c’est ce qu’a décidé de réaliser la collectivité dans l’urgence). Néanmoins, l’augmentation du niveau de la mer et les changements climatiques risquent de rendre ces solutions dérisoires sur un horizon à 2100 !
S’ils ont raison, en 2100 (ou avant ? – ou après), l’isthme aura disparu et les deux iles seront séparées. S’il est impératif de protéger ce cordon entre les deux iles aujourd’hui pour préserver tous les équilibres, ne sera-t-il pas nécessaire d’envisager un accueil portuaire à Langlade dans les 50 ans qui viennent ? (ou avant ?).
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Pour aller plus loin:
- 10 janvier 2017 -SPM 1ère- : « Le littoral de Miquelon-Langlade touché par l’érosion : état des lieux »
- Note de présentation du Plan de prévention des risques littoraux
- SPM 1ère – 26 février 2021 : Effondrement de la route Miquelon-Langlade : la classe politique de Saint-Pierre et Miquelon étale ses désaccords
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