Intéressant de savoir ce que peuvent trouver les archéologues dans le Barachois ! Intrigué par ce nouveau rebondissement concernant la réalisation du quai des ferries, j’ai effectué des recherches sur internet pour mieux connaître les évolutions de ce barachois. Il semblerait qu’il ait été profondément bousculé depuis 1783 !
Rappelez-vous ce que nos archéologues ont déjà trouvé :
« Les cartes anciennes permettent notamment de supposer la présence à cet endroit de vestiges d’un chaffaud (structure en bois et pierres permettant le déchargement et le traitement de la morue) antérieur à 1783. Les archives situent également dans ce secteur du barachois de Saint-Pierre plusieurs épaves de navires. »
Ainsi, depuis 1783, le port de Saint-Pierre aurait protégé ces vestiges ? Que nenni ! J’ai pu parcourir un récit absolument passionnant sur l’histoire de l’archipel (Le lien est ci-dessous).
https://docplayer.fr/57482339-Introduction-saint-pierre-et-miquelon-1.html
En voici un extrait !
« En pleine ville, d’autre part, bien des bâtisses abandonnées se dressent, minables, attendant vainement la pioche des démolisseurs. L’aspect que présente le fond du Barachois est particulièrement significatif de ce déclin et dans cette partie du port, si active autrefois, on peut maintenant se croire dans une ville morte, depuis longtemps désertée de ses habitants. Des carcasses de voiliers couchées sur le flanc émergent de la vase le long des quais de bois vermoulus et d’appontements délabrés qui achèvent de pourrir devant les habitations délaissées.
Tels sont les vestiges attristants de l’époque florissante que connaissait Saint–Pierre, il y a encore une quarantaine d’années, quand l’armement local était prospère et que des flottilles de voiliers animaient la rade et le Barachois, quand toute une population de pêcheurs métropolitains et de graviers, débarquaient chaque printemps pour la durée de la campagne. Parmi ces ruines, l’ère de la fraude qui, de 1920 à 1935, valut à la colonie une prospérité éphémère et factice, a fait surgir de grands entrepôts de ciment qui, après avoir abrité des fortunes en whiskys et en champagnes, sont maintenant vides et déserts eux aussi – Langlade, juin 1942 – juin 1943
Et donc, selon ce récit, là ou les ferries accostent aujourd’hui, en 1942, les quais vermoulus et les appontements délabrés achèvent de pourrir devant les habitations délaissées !
__________

Photos du début du XXè siècle. Elles témoignent de la forte activité au sein du barachois.

En 1929, durant la période de prohibition, plus de 1000 navires accostèrent au Barachois pour décharger 500 000 caisses de whisky ! Il donc facile d’imaginer par la suite, les restes « des carcasses de voiliers couchées sur le flanc émergent de la vase le long des quais de bois vermoulus et d’appontements délabrés qui achèvent de pourrir devant les habitations délaissées ».
En fouillant encore un peu, dessous ces carcasses, il est possible de trouver les restes des 14 naufrages qui ont eu lieu dans le barachois. Deux exemples ci-dessous :
12/04/1877 : Hortense, Duguay-Trouin, Atlas, Aigle
« Une violente tempête de printemps fut la cause de la perte de ces quatre navires. L’Hortense s’échoua et se brisa dans le Barachois de Saint-Pierre. »
08/12/1917 : Francis P. Mosquito
« En pleine tempête une de ses chaînes se rompit et le navire n’ayant plus qu’une ancre commença à dériver et ensuite s’échoua. L’équipage ne put cette nuit-là quitter le bord à cause du vent violent. Le lendemain, le temps s’étant amélioré, on décida de jeter par-dessus bord une partie de la cargaison. Plus de 100 tonnes de charbon furent jetées à la marée et grâce à cela, â la marée montante le navire put être renfloué ».
https://www.saintpierreetmiquelon.net/liste-des-naufrages/
__________
Il est donc possible de retrouver dans le Barachois, les brisures d’Hortense de 1877, sous les 100 tonnes de charbons de 1917, nappées de quelques caisses de whisky de 1929 et des carcasses des voiliers de 1943. Et en dessous de tout cela, nous pouvons supposer, avec l’État, la présence à cet endroit de vestiges d’un chaffaud de 1783 !
Je suis persuadé que pour moins de 100 000 euros tout ceci peut-être fait ! Il serait équitable que cette initiative de l’État, reste entièrement à sa charge, non ? Il faut espérer que ce fameux chaffaud ne se trouve pas sous le bâtiment de la douane, voire sous la poste ! Qui sait ?
__________
Article lié : https://denisgarnier.blog/2020/11/24/vous-naurez-pas-votre-quai-des-ferries/