Ces patrons qui se veulent irresponsables!

Oui, je l’admets. Le terme « patron » est trop générique pour cibler seulement ceux qui enfreignent des dispositions législatives ou réglementaires de la République. Dans toutes les situations, il est possible de prendre connaissance de quelques exceptions. C’est le cas par exemple en matière de santé au travail. Les employeurs qui respectent toutes les dispositions sont une exception !

La négociation qui s’éternise entre les syndicats. Elle se heurte à la volonté du patronat de déresponsabiliser les employeurs en matière de santé au travail. Aucun patron n’a été condamné lorsqu’il démontre qu’il a tout mis en œuvre pour protéger la santé de ses salariés.

Les règles sont pourtant assez simples. L’employeur est tenu par la loi de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale de ses salariés (article L. 4121-1 du Code du travail). L’employeur ne doit pas seulement diminuer le risque, mais l’empêcher.

Un peu à l’image du personnel politique, les patrons voyous, en matière de santé au travail, sont rarement condamnés et encore moins en prison. Lorsqu’ils le sont, c’est quasiment toujours avec un sursis. Il existe donc en France une justice de classe. Celle des manants que nous sommes, à qui l’on offre le concours des avocats commis d’office, et celle des élites qui peuvent financer sur une troupe d’avocats pour contourner et repousser toutes les condamnations.

Lorsqu’un salarié manque à ses obligations, il est licencié immédiatement, lorsque c’est un employeur il est excusé et souvent sursitaire !

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Dans ces conditions, demander à certains patrons de respecter les règles de prévention des risques professionnels, c’est un peu comme si l’on demandait à Jérôme Cahuzac, d’être honnête , ou à Al Caponne de payer ses impôts !

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Les incantations ne servent à rien et la contrainte devient la règle partout lorsqu’il s’agit du peuple ordinaire. Faut-il parler du port du masque ? Les gardes à vue ? Les incarcérations abusives de gilets jaunes, etc.

Ce gouvernement, comme les précédents, cajolent les patrons. À les écouter, ils prendraient tous les risques pour faire tourner cette France malade par tant de contraintes qui entravent la liberté des employeurs.

Libérer l’entreprise pour mieux contraindre les travailleurs !

Ce pourrait être leur slogan ! Évidemment, cela ne concerne pas les petits patrons, les petits commerces, les petits agriculteurs, les petits artisans, aucune des personnes qui n’ont pas, à leur service, une bordée d’avocats. Ceux-là, sont dans le camp des manants, avec les salariés, les fonctionnaires, les retraités, ou bien encore, les intermittents du spectacle. Il y a la France des riches, des élites et l’autre France, celle des gens qui ne sont rien !

La devise, « Liberté, Égalité, Fraternité », est une espérance et non une réalité. J’ai rêvé qu’un jour, un patron voyou serait condamné à la même peine et dans le même délai, qu’un voleur de pomme.

Bientôt, la réforme de la santé au travail ?

Et pendant ce temps, un projet de la loi est en préparation pour réformer la santé au travail ! Le MEDEF a déjà fait savoir qu’il veut garder la main mise sur les services de santé au travail qu’il considère comme un marché qu’il faut libérer ! Rien que ça !

Pendant ce temps, depuis 20 ans, nombreux spécialistes recherchent toujours les causes des risques psychosociaux et des absences au travail. Il est évident que les causes ne relèvent pas de la seule responsabilité de l’employeur. Mais lorsque ce dernier est bienveillant, soucieux des bonnes conditions de travail et partisan de la prévention active des risques professionnels pour préserver la bonne santé de ses salariés, alors il devient le meilleur acteur de la prévention. Il devient un bon manager !

En refusant cette conception du management intelligent, le Medef s’embourbe dans les chemins du passé qui ne sont pas suffisamment condamnés !

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Rappelez-vous :

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Le patron de France télécom: « en 2007, ces 22 000 départs, je les ferai d’une façon ou d’une autre, par la fenêtre ou par la porte », lâche Didier Lombard. 19 suicides, 12 tentatives de suicide Condamné 10 ans après, à un an de prison dont 8 avec sursis.

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Patron d’AZF : condamné 15 ans après, à 15 mois de prison avec sursis pour « homicide involontaire » : 31 morts et 8.000 blessés !

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