De grandes espérances pour Saint-Pierre-et-Miquelon

Un nouveau maire à Saint-Pierre, un nouveau maire à Miquelon, un nouveau Président de la Collectivité et surtout, une volonté affichée de vouloir travailler ensemble, sont des éléments très importants et rassurants pour que l’archipel se projette dans une nouvelle dynamique. Additionner les compétences, partager les mêmes projets, s’entraider dans les difficultés pour gérer l’archipel est un gage de fortes espérances pour l’avenir de l’archipel.

Mais au-delà de la gestion quotidienne et immédiate des collectivités qui devrait ainsi s’améliorer, il conviendrait d’appréhender l’évolution à long terme de l’archipel. Une baisse constante de la démographie, une projection à 30 ans qui indique moins de 5 000 habitants, sont peut-être la conséquence d’une inflation non maîtrisée qui progressivement ronge le pouvoir d’achat de ceux qui restent et incitent un plus grand nombre d’habitants au départ. Il paraît donc évident que les mesures d’hier ne peuvent devenir les solutions de demain. (Voir article : « Saint-Pierre-et-Miquelon au bord du chaos (KO!) »

Un niveau des 6 300 habitants de 1992 ne pourra se retrouver que si l’archipel est en capacité de créer de nouvelles activités qui offriront un nombre d’emplois équivalent à ce que la pêche pouvait offrir à cette période.

Si des idées sont sur la table en matière économique – développement du tourisme, hub de transbordement, développement du numérique, agriculture, patrimoine de l’Unesco, etc. – elles ne suffiront pas pour attirer de nouvelles compétences, car le contexte de 1992 a été fortement plombé par l’augmentation du coût de la vie dans l’archipel. Ces 20 dernières années, globalement, les habitants de l’archipel ont connu une inflation supérieure de 40 points à celle de la métropole et les derniers chiffres démontrent une aggravation de ce constat, sans qu’aucune réponse ne soit apportée. Pour vous donner une idée de ce que cela représente, il faut comparer la capacité d’acheter. Quand dans l’hexagone, le métropolitain dépense 1000 €, l’habitant de l’archipel devra débourser 1400 € pour obtenir la même chose. Le SMIC Saint-Pierrais = le RSA de métropole ! (Voir « Salarié à Saint-Pierre-et-Miquelon, c’est comme le RSA en métropole ! »)

C’est pourquoi, il serait nécessaire d’agir sur deux plans.

Au développement économique, il faut associer le développement social.

Pour les habitants de l’archipel, pour les acteurs nécessaires à ces développements, il est souhaitable de créer des conditions de vie au moins équivalentes à celles de la métropole.

C’est l’objet d’un document de huit pages que j’ai fait parvenir au Président de la Collectivité, au Maire de Saint-Pierre, au Maire de Miquelon ainsi qu’au Préfet de l’archipel, car sans une complémentarité exemplaire des acteurs locaux et de l’État, rien ne sera possible.

C’est donc un plan co-financé entre l’État, les Collectivités, les employeurs et les salariés pour engager les actions en sept directions. Par exemple, encourager l’indépendance alimentaire, un niveau de rémunération minimum et de retraite de 2 000 € net par mois, des minima sociaux à 1500 €, la création d’un service public du logement, une réduction importante des billets d’avion pour se rendre au Canada ou en métropole, la création d’un congé maternité d’une année et enfin, un service de santé au travail universel.

L’ensemble de ces mesures pourrait se réaliser par le redéploiement de certains crédits des Collectivités, de la CPS, mais aussi de l’État, qui verrait sa contribution annuelle augmenter dans une fourchette allant de 6 % à 9 %, la montée en charge pouvant s’étaler sur plusieurs années. C’est donc économiquement tout à fait possible.

Offrir un cadre social apaisant, attirant permettra à l’archipel de prospérer. Pour l’ensemble des propositions ci-dessus, j’ai pris le parti de croire que c’est en commençant par l’amélioration du niveau de vie des jeunes au travail de l’archipel (moins de 35 ans) que les principales évolutions prendront corps.

La jeunesse mis en confiance, est innovante, créatrice et sera en capacité d’inventer son avenir et d’assurer celui de l’archipel. Aussi, faut-il lui offrir les meilleurs atouts pour y parvenir.

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Photo : Denis Garnier