L’hypocrite réforme des retraites, en 5 points fallacieux !

La réforme des retraites aurait un impact dramatique sur tous les actifs et sur les futurs retraités si elle venait à s’appliquer. Comme le souligne Natacha Polony dans son dernier édito, « Il n’y a pas de ‘déclin’ de la France, fruit de la fatalité : c’est une destruction planifiée »

Remarque générale :

À l’écouter, le gouvernement serait capable de nous vendre l’eau du désert. La première ministre dit avoir préparé cette réforme en consultant les organisations syndicales et pourtant, dès le soir de la présentation, elles sont unanimes pour descendre dans la rue ! Qui trompe qui ? Les arguments avancés par le gouvernement sont effectivement fallacieux. En voici 5 exemples :

1- Retraite minimum à 85 % du SMIC, c’est déjà dans la loi !

« Loi n° 2003-775 du 21 août 2003 portant réforme des retraites ; article 4

« La Nation se fixe pour objectif d’assurer en 2008 à un salarié ayant travaillé à temps complet et disposant de la durée d’assurance nécessaire pour bénéficier du taux plein un montant total de pension lors de la liquidation au moins égal à 85 % du salaire minimum de croissance net lorsqu’il a cotisé pendant cette durée sur la base du salaire minimum de croissance. »

2- L’indexation des retraites sur l’inflation, c’est aussi dans la loi !

Le président promet ! Nous allons indexer les retraites sur l’inflation ! (ICI) C’est déjà la loi ! Celle du 22 juillet 1993. Elle porte la revalorisation annuelle des pensions en fonction de l’indice des prix à la consommation et non plus selon l’évolution générale des salaires.

Mais le président omet ! En 2019 par exemple, Emmanuel Macron a choisi la sous-indexation. Il n’a augmenté les retraites que de 0,3 % alors que l’inflation était de 1,8 %.

3- Prendre en compte la pénibilité… en supprimant le compte pénibilité !!!

En vigueur depuis 2015, le compte pénibilité avait été jugé « trop complexe à mettre en œuvre ». Le chef de l’État avait ainsi supprimé quatre des 10 critères permettant d’évaluer la pénibilité d’un travail, excluant ainsi 80 % des victimes ! Il s’agissait de la manutention manuelle de charges, des postures pénibles, des vibrations mécaniques et de l’exposition aux risques chimiques ! Il convient d’ajouter à cela, la suppression des CHSCT et la réforme avortée de la prévention de la santé au travail.

Santé et travail : « Amiante : les ministères sociaux pris en défaut de prévention »
Un récent rapport de l’Igas montre que les ministères du Travail et de la Santé n’appliquent pas les mesures de prévention obligatoires face à l’amiante présent dans leurs locaux. Une situation à risques, dans des administrations pourtant censées donner l’exemple.

4- Départs anticipés pour les carrières longues… en retardant le départ de 2 ans !!!!

Aujourd’hui, si vous avez commencé à travailler avant 20 ans, vous pouvez partir à 60 ans !(voir ICI). La réforme proposée aurait pour effet de porter l’âge de ce départ à 62 ans !

5- « Notre régime de retraite n’est plus à l’équilibre » !

La première ministre : « L’équilibre n’est plus assuré ! C’est un constat « . L’organisme chargé de suivre l’évolution des données sur les retraites, le COR, contredit nettement cette affirmation ! (le dernier rapport)

Extraits de la synthèse :

« Sur la période 2021-2027, couverte par les prévisions du gouvernement établies dans le cadre du programme de stabilité, les dépenses de retraite dans le PIB seraient globalement stables. Elles passeraient de 13,8 % en 2021 à 13,9 % du PIB en 2027 » (page 7).

Sur les hypothèses retenues par le gouvernement pour la période 2028-2032, voilà ce qu’indique le COR :

« Il s’agit là d’un artefact (projection artificielle) lié à la méthode de projection : rien ne permet d’anticiper que la conjoncture économique sera particulièrement déprimée sur la période 2028-2032 » (page 7).

« À plus long terme, de 2032 jusqu’à 2070, malgré le vieillissement progressif de la population française, la part des dépenses de retraite dans la richesse nationale serait stable ou en diminution. »(page 8)

BILAN : les intentions réelles du gouvernement sont ailleurs ! Baisser les dépenses sociales !

Il ne s’agit pas de garantir l’équilibre du régime, qui n’est en réalité pas menacé selon le dernier rapport du COR, ni de baisser les dépenses publiques, puisque le gouvernement vient encore de voter pour 2023, 160 Milliards d’Euros d’aides aux entreprises (ICI) et plus de 90 Milliards d’Euros d’ exonérations de charges sociales ! (rapport Cour des comptes 2019 en PDF)

(extrait – page 97)

Dans le même temps, les dividendes versés par les entreprises explosent au point d’atteindre 80 Milliards d’Euros en 2022 (La Tribune ICI).

Après l’assèchement financier des services publics, (hôpitaux, éducation nationale, justice, etc.), la baisse d’aides sociales (APL), la réduction des indemnités chômage, l’abandon du service public de l’énergie livré aux lois du marché, viendrait celui de l’assèchement de notre système de retraite !

En complément, l’excellent papier de Natacha Polony du 11 janvier : « Il n’y a pas de ‘déclin’ de la France, fruit de la fatalité : c’est une destruction planifiée »

« Le gouvernement organise le gavage des uns par le rationnement des autres !« 

(François Ruffin Assemblée nationale 11 janvier)