La réforme des retraites aurait un impact dramatique sur tous les actifs et sur les futurs retraités si elle venait à s’appliquer. Après avoir exposé le caractère fallacieux de cette contre-réforme, il est important de relever les points qui viendraient aggraver la situation dans l’archipel. (Impossible de dénoncer cette arnaque sociale en trois lignes !)
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Remarque générale :
À l’écouter, le gouvernement serait capable de nous vendre l’eau du désert. La première ministre dit avoir préparé cette réforme en consultant les organisations syndicales et pourtant, dès le soir de la présentation, elles sont unanimes pour descendre dans la rue ! Qui trompe qui ? Les arguments avancés par le gouvernement sont effectivement fallacieux. En voici 5 exemples :
1- Retraite minimum à 85 % du SMIC, c’est déjà dans la loi !
« Loi n° 2003-775 du 21 août 2003 portant réforme des retraites ; article 4
« La Nation se fixe pour objectif d’assurer en 2008 à un salarié ayant travaillé à temps complet et disposant de la durée d’assurance nécessaire pour bénéficier du taux plein un montant total de pension lors de la liquidation au moins égal à 85 % du salaire minimum de croissance net lorsqu’il a cotisé pendant cette durée sur la base du salaire minimum de croissance. »
2- L’indexation des retraites sur l’inflation, c’est aussi dans la loi !
Le président promet ! Nous allons indexer les retraites sur l’inflation ! (ICI) C’est déjà la loi ! Celle du 22 juillet 1993. Elle porte la revalorisation annuelle des pensions en fonction de l’indice des prix à la consommation et non plus selon l’évolution générale des salaires.
Mais le président omet ! En 2019 par exemple, Emmanuel Macron a choisi la sous-indexation. Il n’a augmenté les retraites que de 0,3 % alors que l’inflation était de 1,8 %.
3- Prendre en compte la pénibilité… en supprimant le compte pénibilité !!!
En vigueur depuis 2015, le compte pénibilité avait été jugé « trop complexe à mettre en œuvre ». Le chef de l’Etat avait ainsi supprimé quatre des 10 critères permettant d’évaluer la pénibilité d’un travail, excluant ainsi 80 % des victimes ! Il s’agissait de la manutention manuelle de charges, des postures pénibles, des vibrations mécaniques et de l’exposition aux risques chimiques ! Il convient d’ajouter à cela, la suppression des CHSCT et la réforme avortée de la prévention de la santé au travail.
Santé et travail : « Amiante : les ministères sociaux pris en défaut de prévention » |
Un récent rapport de l’Igas montre que les ministères du Travail et de la Santé n’appliquent pas les mesures de prévention obligatoires face à l’amiante présent dans leurs locaux. Une situation à risques, dans des administrations pourtant censées donner l’exemple. |
4- Départs anticipés pour les carrières longues… en retardant le départ de 2 ans !!!!
Aujourd’hui, si vous avez commencé à travailler avant 20 ans, vous pouvez partir à 60 ans !(voir ICI). La réforme proposée aurait pour effet de porter l’âge de ce départ à 62 ans !
5- « Notre régime de retraite n’est plus à l’équilibre » !
La première ministre : « L’équilibre n’est plus assuré ! C’est un constat « . L’organisme chargé de suivre l’évolution des données sur les retraites, le COR, contredit nettement cette affirmation ! (le dernier rapport)
Extraits de la synthèse :
« Sur la période 2021-2027, couverte par les prévisions du gouvernement établies dans le cadre du programme de stabilité, les dépenses de retraite dans le PIB seraient globalement stables. Elles passeraient de 13,8 % en 2021 à 13,9 % du PIB en 2027 » (page 7).
Sur les hypothèses retenues par le gouvernement pour la période 2028-2032, voilà ce qu’indique le COR :
« Il s’agit là d’un artefact (projection artificielle) lié à la méthode de projection : rien ne permet d’anticiper que la conjoncture économique sera particulièrement déprimée sur la période 2028-2032 » (page 7).
« À plus long terme, de 2032 jusqu’à 2070, malgré le vieillissement progressif de la population française, la part des dépenses de retraite dans la richesse nationale serait stable ou en diminution. »(page 8)
BILAN : les intentions du gouvernement sont ailleurs ! Baisser les dépenses sociales !
Il ne s’agit pas de garantir l’équilibre du régime, qui n’est en réalité pas menacé selon le dernier rapport du COR, ni de baisser les dépenses publiques, puisque le gouvernement vient encore de voter pour 2023, 160 Milliards d’Euros d’aides aux entreprises (ICI) et plus de 90 Milliards d’Euros d’ exonérations de charges sociales ! (rapport Cour des comptes 2019 en PDF)

Dans le même temps, les dividendes versés par les entreprises explosent au point d’atteindre 80 Milliards d’Euros en 2022 (La Tribune ICI).
Après l’assèchement financier des services publics, (hôpitaux, éducation nationale, justice, etc.), la baisse d’aides sociales (APL), la réduction des indemnités chômage, l’abandon du service public de l’énergie livré aux lois du marché, viendrait celui de l’assèchement de notre système de retraite !
Un gouvernement organise le gavage des uns par le rationnement des autres !
Pire pour Saint-Pierre-et-Miquelon !
Au-delà de tous les points développés ci-dessus et qui s’appliqueraient de facto dans l’archipel, s’ajoutent ceux liés à l’inflation locale qui a dépassé les 12 % en 2022 et la suppression de la « sur-retraite » pour les fonctionnaires de l’Etat.
Si les retraites servies par la CPS prennent en compte partiellement les effets de l’inflation locale (1), il n’en est rien pour toutes les autres. Ainsi, avec les seuls 4 % de revalorisation, appliqués en fin d’année, tous les autres retraités qui ne dépendent pas de la CPS (fonctionnaires, marins, etc.) enregistrent une baisse de 8 % de leur pouvoir d’achat sur cette seule année 2022 !
Il faut ajouter à cela, la suppression progressive de l’ITR pour les fonctionnaires de l’Etat, un système de « sur-retraite » qui s’éteindra entièrement pour tous les départs à la retraite à partir de 2027 !
Le jeudi 19 janvier, tous les syndicats appellent à la grève et manifestation !
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(1) Les retraites versées par la CPS sont revalorisées selon deux mécanismes :
- Application des revalorisations nationales (en ce début d’année, application d’une majoration de 0.8 % consécutive à la majoration de 4 % de l’été 2022)
- Une revalorisation locale appliquée selon un calcul précisé à l’article 5 de la loi de 1987 : extrait : « Lorsque le taux d’évolution des prix à la consommation hors tabac constaté chaque année à Saint-Pierre-et-Miquelon est supérieur à celui constaté en métropole pour la même année, il est procédé, l’année suivante, à une revalorisation complémentaire du revenu professionnel annuel servant de base au calcul des pensions et des pensions déjà liquidées. »
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En complément,
Mon intervention jeudi 12 janvier : invité de la matinale radio à SPM la première
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Signez la pétition intersyndicale ci-dessous (en cliquant sur l’image ci-dessous): Mercredi 35 000 signatures, ce jeudi vers 14 h plus de 140 000 !