+9,32 % d’inflation à Saint-Pierre-et-Miquelon sur un an !

L’archipel s’éloigne de plus en plus de la métropole… et des autres territoires d’Outre-Mer.

En un an, la métropole connaît une inflation de 5,58 %, pendant que l’archipel passe la barre des 9 %. Cette inflation locale, c’est au minimum, 1 000 euros d’augmentation de la facture de fioul en 2022 pour chaque logement ! En 20 ans, Saint-Pierre-et-Miquelon a pris un retard de près de 40 points d’inflation sur la métropole. Nous sommes réellement des iles d’exceptions, car, lorsque l’archipel enregistre +9,32 % d’inflation sur un an, La Réunion est à + 3,8 %, la Martinique à +4,2 % et la Guyane, à +3,2 % (avril) etc. Sous réserve d’inventaire total, SPM détient le record.

Dans les autres territoires, ils s’accordent sur l’augmentation du nombre de produits à mettre dans le Bouclier Qualité Prix (BQP). Mais la cause principale de l’augmentation des prix, c’est l’énergie. Elle ne figure pas dans ce BQP !

En un an :

La très grande majorité des logements de l’archipel est chauffée au fioul. En 2021, pour une maison, la dépense moyenne dépasse souvent les 3 000 €. Pour l’année 2022, la facture s’élèvera à 4 050 €, soit 35 % de plus, soit 1 050 euros de dépenses supplémentaire.

Alors comment nos élus locaux vont-ils régler le problème ?

Aujourd’hui, à Saint-Pierre-et-Miquelon, c’est le Mouvement « Archipel demain » qui concentre les pouvoirs à la Collectivité, au Sénat et à l’Assemblée nationale. Tous les trois ont rencontré le ministre délégué aux Outre-mer, Jean-François Carenco.

Selon l’article de SPM 1ère, nos trois élus, se disent déterminés à lutter contre la vie chère. Auront-ils convaincu ce ministre délégué d’apporter des réponses concrètes ? Rien n’est moins sûr !

Si l’on observe les mesures adoptées à l’Assemblée nationale, les Outre-mer sont oubliés. Nos parlementaires arriveront ils à faire valoir le handicap de la vie chère dans un territoire ou le coût de la vie est supérieur de 40 % à celui de la métropole ? Pour le moment, leur détermination ne suffit pas.

En ce qui concerne la Collectivité, une hausse des prix engendre une hausse des recettes fiscales. La première mesure serait de redistribuer cette recette supplémentaire en baissant réellement les impôts des premières tranches. Qu’en sera-t-il ?

La seconde mesure serait de demander d’intégration du prix des carburants dans le Bouclier Qualité Prix ! Là, nous pourrions y croire… un peu.

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Complément sur le sujet

Pour celles et ceux qui veulent aller plus loin et pour comprendre ce qui nous arrive, j’ai pris le temps de rédiger ce complément politico-économique. Ce sont les électeurs qui décident des choix de société. Aujourd’hui ils ont massivement choisi la droite (1).

Un mot sur la loi « pouvoir d’achat » adoptée en première lecture à l’Assemblée :

Les rapports des forces politiques s’éclaircissent. Le clivage gauche/droite se réinstalle. La droite rassemblée (Macronistes, Républicain et extrême droite) a voté pour cette loi, ainsi que le député de l’archipel, Stéphane LENORMAND. La gauche a voté contre ou s’est abstenue.

Au-delà des bonnes mesures que la gauche a soutenues, (Déconjugaison de l’allocation aux adultes handicapés, augmentation des retraites et des prestations sociales de 4 %), la loi dans son ensemble ignore le monde du travail en refusant la revalorisation des salaires et en particulier un coup de pouce au SMIC pour le porter à 1 500 € nets par mois !

La droite préfère les primes ponctuelles exonérées qui grèvent les comptes sociaux plutôt que l’augmentation des salaires qui les améliorent. Mon billet précédent, « LE POUVOIR D’ACHAT, UN VRAI DÉBAT GAUCHE/DROITE », expose cette réalité. La bataille entre le Capital et le Travail est au cœur de ce débat. Aujourd’hui, la droite emporte une victoire pour le capital.

Le débat sur le budget de la nation ne diffère pas. La droite rassemblée (Macron, Républicains), refuse le rétablissement de l’impôt sur la fortune et la taxe exceptionnelle sur les profits des grandes entreprises.

Trois graphiques pour comprendre le débat

Le salaire réel ci-dessous comprend, le salaire, les primes, la retraite, l’assurance-maladie, les prestations chômages.

Pour produire des richesses, il faut travailler. C’est vrai !

Le graphique ci-contre, expose l’écart existant entre la productivité d’un salarié et ce qu’il en retire en salaire. La courbe du haut expose les gains de productivité. La courbe du bas, montre la progression des salaires.

Les gains de productivité vont au capital et non au travail. C’est ainsi que des économistes soutiennent que la meilleure productivité des travailleurs devrait leur permettre de réduire leur temps de travail ou de partir à la retraite plus tôt. Pour la droite (Macron, Républicain, RN, auxquels il faut ajouter l’ancien PS), ces gains doivent revenir au capital.

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Ce que le salaire perd, le capital le gagne.

Le résultat du constat ci-dessus (gain de productivité), en entraîne un autre. Ce que le salaire perd, le capital le gagne.

En rouge l’évolution des rémunérations, en bleu l’évolution des marges, dont les dividendes versés aux actionnaires. Moins il y a pour le monde du travail, plus il y a pour le capital.

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source graphique Franceinfo

2/3 des bénéfices pour les actionnaires.

Enfin, ce dernier graphique expose les moyens de capter cette richesse produite par les gains de productivité. Les bénéfices des entreprises sont versés pour les 2/3 aux actionnaires. . Là encore, c’est la production du travail vers le capital.

Cette façon de capter les richesses produites par le travail tient au scandale, lorsqu’on sait que les dividendes versés aux actionnaires peuvent être supérieurs au bénéfice réalisé par l’entreprise.

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Conclusion

Ceux qui prétendent qu’il n’y a aucune différence entre la droite et la gauche devraient observer ces réalités en face. Le monde du travail, qu’il soit salarié, entrepreneur, commerçant ou artisans, produit des richesses qui doivent être équitablement réparties. Aujourd’hui, des multinationales, des grands groupes font la loi avec la complicité de la droite politique (1), dans le seul but d’augmenter les profits pour quelques-uns.

Ce dernier graphique montre le résultat pour la France : depuis que Macron est au pouvoir, la fortune des cinq familles les plus riches de France est passé de 120 MILLIARDS à 420 MILLIARDS ! 350 % de hausse en 5 ans ! Les fonctionnaires seront augmentés de 3,5 % et les retraites de 4 % ! C’est la parfaite illustration de tout ce qui est exposé ci-dessus.

La spéculation est devenue un sport international et la hausse des prix qui est aujourd’hui constatée de part le monde, Saint-Pierre-et-Miquelon n’y échappe pas, est le résultat d’une politique de droite. C’est réel, c’est concret, mais c’est aussi le résultat des élections passées qui ont maintenu la droite au pouvoir.

En-dehors de la violence, le bulletin de vote reste la seule arme aux mains des citoyens pour faire évoluer ces tristes constats. En 2017, des électeurs ont pensé qu’Emmanuel Macron avait raison de dissoudre la droite et la gauche. En 2022, des électeurs ont pensé que la droite extrême pourrait défendre le monde du travail. Aujourd’hui, Macron et la droite extrême poursuivent la même politique économique.

Merci pour votre attention, les commentaires sont libres.

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(1) La définition droite/gauche est désormais dépassée, c’est possible. De mon point de vue, il s’agit en réalité d’une ligne de fracture qui sépare d’un côté les partisans du profit et de l’autre, les partisans d’une meilleure répartition des richesses. Ainsi, il convient d’observer qui, soutien quoi. Force est de constater que la ligne de fracture apparaît entre, d’un côté, les partisans de Macron, Les Républicains, le Rassemblement National et l’ancien PS de Hollande et de l’autre, les partis de la NUPES. Il existe bien sûr des différences au sein même de ces groupes. Mais la ligne de fracture est bien présente.