Sale temps pour les pauvres ! Si l’archipel est à la dérive, comme le souligne le président du Medef-local, ce n’est pas pour tout le monde ! La dernière note de conjoncture de l’IEDOM, ICI, informe que « pour l’année 2020 et pour la seconde année consécutive, la croissance des actifs financiers a nettement accéléré (+13,8 % en 2020 après +7,0 % en 2019 et +1,2 % en 2018). Les actifs totaux s’établissent à 283,1 millions d’euros. »
Chacun des 4000 foyers fiscaux de l’archipel possède en moyenne 70 000 € de réserves sur ses comptes !

« Du fait de la fermeture des frontières », explique l’IEDOM, « la consommation des ménages s’est concentrée sur le marché local. Les importations de biens alimentaires se sont également inscrites en hausse par rapport à 2019 (+ 5,6 %) : elles ont connu une accélération durant le confinement (+ 21,3 % sur un an en mars et + 26,9 % en avril), en partie en raison des stocks effectués par les ménages ».
Si je débute cette rubrique en écrivant « sale temps pour les pauvres », c’est en réponse à cette dame retraitée venue vers moi en me disant : « Vous savez monsieur, moi je gagne moins de 1 000 € par mois pour vivre à Saint-Pierre. Ben, c’est pas facile »
Je ne sais si cette dame pourra lire cette chronique, mais je suppose qu’elle ne comprendra pas ce monde qui l’entoure de très près. Observer 283 millions d’€ de réserves sur les comptes épargne des habitants de l’archipel représentent plus de 23 500 fois le montant annuel de sa retraite !
Comparaison n’est pas raison et cette réserve peut expliquer certainement le niveau des dons que les particuliers ont versés au Téléthon local. Pas loin de 100 000 € en 2019 et 26 000 € en 2020 ! Plus on épargne moins on donne ? Non ! En fait, la pandémie a fortement pénalisé les manifestations qui accompagnent cet élan de générosité. Les généreux donateurs peuvent toujours verser leur obole à l’AFM, ICI.
Si chacun donnait 1% de son épargne, le Téléthon de l’archipel pourra reverser 2,8 millions d’euros à l’AFM !
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Ah, les chiffres…
Oui, il faut relancer l’activité pour dynamiser un archipel à la dérive. (Lire : Saint-Pierre-et-Miquelon, au bord du chaos ? (KO!). Mais une relance économique sans relance sociale est vouée à l’échec. Si certains vivent très bien ici, ce qu’attestent ces 283 millions d’€ qui dorment sur les comptes, d’autres peinent à survivre !
Quelques idées pour dynamiser l’archipel :
- Encourager l’indépendance alimentaire, (une prime d’activité mensuelle à chaque producteur – coût annuel 1 million d’€)
- Accorder à chaque salarié(*) et retraités(*) un revenu minimum de 2000 euros nets mensuels, (par augmentation de la prime d’activité, etc. – coût annuel 4 Millions d’€)
- Donner à chaque habitant de l’archipel (hors étudiants) un revenu mensuel minimum de 1 400 € (RSA, handicapés, indépendants, etc.), (Coût annuel 4 millions d’€)
- Réduire le coût des loyers, (APL+ – Coût annuel 2 millions d’€)
- Réduire le coût du transport aérien. (prime transport 500 € / an – coût annuel 2 millions d’euros)
- Établir une liaison aérienne directe avec la métropole tous les 15 jours de mars à novembre. (à évaluer)
(*) À plein temps ou, pour une carrière complète.
Pour réaliser l’ensemble des objectifs ci-dessus, le coût annuel final serait d’environ 13 millions d’€, un coût qui pourrait facilement être réparti entre l’État et les Collectivités. C’est une histoire de volonté politique. Mais dans l’archipel, le social est un gros mot. Pendant que l’inflation grignote le pouvoir d’achat des « gens qui ne sont rien », d’autres entassent 283 millions d’€ sur leur compte. Ils pourraient au moins créer un fonds d’investissement local pour créer de l’emploi !
De plus, lorsque 283 millions d’€ s’entassent dans les comptes, il est possible de comprendre que l’État ne soit pas motivé pour aider un archipel si riche ! Sale temps pour les pauvres !
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