MC. Dagort: « Mon patron, ce sont les consommateurs. S’ils veulent un produit, je leur procure ». Il n’a pas tout à fait tord. Si des consommateurs veulent acheter 12 yaourts à 17,99 €, alors qu’en métropole, ils se vendent à 1,38 €, c’est un choix ! Il existe des produits nutritionnellement comparables, qui sont bien moins chers. N’avons-nous pas connu ces cerises à près de 20 euros ? Etc. Si tous ces produits se vendent, c’est qu’il y a des acheteurs.

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Les explications du commerçant Marcel Christophe Dagort :

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Mais qu’est ce qui peut expliquer cette autre différence dans ce même commerce ? Un litre de Ricard à 15,99 € et le le litre et demi à 36,99 € ??? Le prix du demi litre en plus dans la grande bouteille revient à 21 €, alors qu’un litre coûte 15,99 € (?). La construction des prix est un mystère absolu ! A signaler toutefois que, sur ce produit, le prix du litre de Ricard est inférieur de 25% à celui constaté en métropole, transport et taxes comprises ! (?)
La construction des prix dans l’archipel est un mystère absolu !
(à noter: le lendemain de la publication, la bouteille de Ricard de 1,5 L est passée en dessous des 30 euros ! Une erreur d’étiquetage certainement (?))
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MC. Dagort souligne toutefois que les pâtes sont encore au prix de 2018 (!)
Il a encore raison, lorsqu’il critique la méthode de la préfecture qui mentionne une augmentation des prix de 5%, en fondant ce résultat sur l’évolution de 25 produits, alors que son magasin en compte plus de 5000. Ceci étant, l’inflation dans l’alimentaire et dans l’archipel, est 4 fois supérieure à celle de la métropole.

Et, toujours selon Marcel-Christophe Dagort, les prix pourraient baisser de 10% si l’État prenait à sa charge le coût du fret qui reste à la charge des commerçants ! Mais, en ce qui concerne l’évolution des prix, ce dernier souligne que le constat risque de durer encore longtemps et tout conduit à le croire, tellement l’immobilisme est de mise.
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Ils exagèrent, ou certains commerçants sont de mauvais acheteurs ?
En dehors de ce commerce il existe aussi des choses inexpliquées. Un exemple :
Dans deux commerces de l’archipel, le même produit (non-alimentaire) est vendu 29,90 € chez l’un et 62,99 € chez l’autre, soit un écart de 210 % ! J’ai saisi le Président de la Cacima le 24 septembre pour obtenir des explications, mais ce fut sans succès à ce jour. Dans cet exemple, cet écart ne s’explique ni par le poids des taxes ou par les frais de transport.
En observant les prix pratiqués sur ce produit, il est possible de comprendre que certains commerçants savent mieux acheter que d’autres.
- Le premier a dû l’acheter au Canada, à Walmart, ou le produit est affiché à 24,98 $, soit environ, 17 €. En le vendant 29,90 €, sa marge (*) est de 12,90 €.
- Le second a dû l’acheter en métropole où il est affiché à 29,99 € ! En le vendant 62,99 € sa marge (*) est de 33 € ! Où alors, acheté sur Amazon avec les frais de port à 48,09 €, soit une marge de 14,90 €
(*) La marge représente en fait tous les coûts hors achat du produit, transports, taxes, frais du commerces, salaires employés, etc.
Au-delà de la question des marges, qui peuvent varier en fonction de nombreux paramètres (moyens de port, surface du commerce, amplitude d’ouverture, charges salariales, etc.), il semblerait que dans cet exemple, qui n’est pas unique, le second commerçant ne doit pas rechercher le meilleur prix à proposer aux habitants de l’archipel.
Alors, qui doivent être les supers héros ?
La Cacima à raison. Les supers héros, ce sont les consommateurs, non pas pour « acheter local », mais pour acheter au meilleur prix et en alimentant les réseaux sociaux des incohérences et des excès du système. Les yaourts sont un exemple. En dénonçant les excès, les réactions s’opèrent et c’est bien. Peut-être qu’un jour, ceux qui organisent le commerce de l’archipel, conviendront qu’à plusieurs, en regroupant leurs achats, ils seront plus compétitifs. Si leur objectif est d’offrir le meilleur produit au meilleur prix, alors cela ira dans le bon sens. En attendant, les consommateurs paient toutes les marges et cela ne va pas durer éternellement sans réaction.
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La construction des prix dans l’archipel n’est un mystère absolu que pour ceux qui ne se donnent pas la peine de faire des recherches objectives sur le sujet…
Un élément très important à prendre en compte dans les écarts de prix sont les minimums de commande : il faut comprendre que nos importateurs locaux achètent des quantités qui sont considérés par les fabricants comme ridicules, et donc ils refusent même souvent de traiter avec eux. Certains partenariats commerciaux ne tiennent que par leur caractère historique.
Il faut donc bien souvent passer par des centrales d’achats de plus ou moins grandes tailles. Déjà à ce niveau, comparer avec les prix des grandes surfaces métropolitaines qui achètent directement aux producteurs et qui peuvent négocier des remises en quantité tient de la démagogie… Il serait plus juste de comparer avec le prix d’un petit commerçant de quartier non affilié à un grand groupe.
Le catalogue des centrales d’achat ne comprend pas l’intégralité des références d’un producteur donné, il faut donc parfois effectuer un panachage auprès de différentes centrales. C’est pourquoi parfois deux formats d’un même produit peuvent avoir des prix rapportés à la quantité bien différents. Sans parler des différents arrivages qui peuvent grandement influencer le prix de vente : comme je vous le disais dernièrement, depuis le début de la crise sanitaire, les stocks de nombreux produits sont limités à un moment donné. Ce ne sont souvent que des pénuries très passagères, mais pour l’exportation, surtout dans l’alimentaire, on prend les produits qui sont disponibles au moment prévu de l’expédition… Si certains manquent, on ne peut pas forcément se permettre d’attendre que ceux-ci soient de nouveaux disponibles, même si on sait que ce sera le cas deux jours plus tard. Les autres articles peuvent ne pas supporter les 7 jours, 15 jours, voire plus de retard que le fait de rater le navire initialement prévu impliquerait. Et donc, certains conteneurs doivent partir au tiers ou à moitié vides. Plusieurs importateurs se sont retrouvés cette année avec un coût de transport fixe à répercuter sur un volume d’articles bien inférieur.
Et pour en revenir à votre exemple du pastis dont le prix au litre était inférieur au prix pratiqué en métropole, avez-vous pensé à la taxation par l’Etat ? Les barèmes de taxation à SPM et en métropole sont bien différents, et la part de taxes dans le prix de vente final fait que la comparaison sur les alcools est généralement un très mauvais indicateur (à SPM : 63,5% sur le prix avant marge + 110 €/hlap* – En métropole : 2 360,23 €/hlap* + 20% de TVA après marge). *hlap = hectolitre d’alcool pur
Donc, oui, la construction des prix est un exercice bien compliqué dans l’archipel et qui met en œuvre de très nombreuses variables (la gestion des stocks notamment qui est bien plus lourde qu’en métropole et qui peut vraiment beaucoup influer sur les prix), mais elle n’est pas un mystère absolu contrairement à ce que vous dites. Que vous n’en ayez pas une connaissance approfondie n’est pas un problème en soit, mais ce qui est plus gênant c’est qu’à ma connaissance aucune étude complète n’a été réalisée à date par l’Etat. L’observatoire des prix ne fait que gratter la surface, alors que sans mettre au jour tous les mécanismes en jeu les autorités ne pourront jamais avoir tous les éléments pour réellement réfléchir à des solutions.
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Merci de toutes ces précisions qui enrichissent la connaissance du sujet. La construction des prix n’est pas un mystère absolu pour qui veut s’y intéresser, je suis d’accord. Mais il faut des articles de ce style pour provoquer les informations utiles et les vôtres en font partie. Sur le prix du pastis toutefois, je souligne surtout que le prix des 50 cl de plus à la bouteille d’un litre, est plus élevé que le prix du litre. C’est un constat qui n’existe nulle part ailleurs, quel que soit le niveau des taxes. Enfin, je partage votre commentaire sur le rôle de l’observatoire des prix.
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Pour info, la bouteille de Ricard de 1,5 L est passée de 36 € à 29,99 € le lendemain de la publication.
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et oui, c’est la guerre des prix. c’est un constat, que pouvons, que devons nous faire? ne pas acheter?
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Ne pas acheter, c’est le réflexe de toutes personnes qui font leurs courses pour la première fois dans l’archipel. Mais il faut bien vivre et au bout de quelques mois, on se dit que tout est cher mais qu’il faut bien vivre. Alors on ne regarde plus les prix. Ces rappels, en forme d’alertes des réseaux sociaux, là, le prix des yaourts, sont utiles pour mettre le doigt sur un des problèmes majeur de l’archipel. Le coût de la vie. Lorsque les pouvoirs publics avoueront leur impuissance pour inverser cette tendance, viendra certainement l’évidence de la juste compensation pour que le niveau de vie des habitants de l’archipel puisse être comparable à celui des habitants de la métropole.
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Alors pourquoi les commerçants ne se regroupent-ils pas pour faire leurs commandes pour avoir une plus grande quantité à commander et de cette façon, ils pourront avoir un meilleur prix de départ et peut-être un meilleur prix à la revente pour les consommateurs. De toute façon les commerçants passent pratiquement tous par les mêmes grands groupes ou centrales de vente, je pense que tout le monde serait gagnant.
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