Je suis désolé de vous compter parmi les lecteurs de cette adresse si elle ne vous concerne pas. Mais, comme ce sentiment d’inutilité vous intéresse je vous invite à pousser plus loin cette lecture pour que vous puissiez éventuellement la transmettre à celles et ceux que vous connaissez et qui sont peut-être des « inutiles » ?
La crise de la COVID-19 aura eu le mérite de révéler au grand jour que les gens les plus utiles au fonctionnement de notre société sont ceux que le Président de la République a reconnu comme « des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal» en ajoutant que, «les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune ».
Partant de cette génuflexion du Président au pied du mur des réalités, se pose la question de cette distinction sociale, de ces femmes et de ces hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal. En résumé, ce sont « LES DÉLAISSEÉS » que décrit si bien Thomas PORCHER (Éditions Fayard – 2020). Ils sont clairement identifiés. Ce sont l’ensemble des personnes, salariés, fonctionnaires , agriculteurs, auto-entrepreneurs, personnels de santé, etc. qui sont au service de l’économie réelle. Ils sont dans l’économie locale et concrète pour les habitants, citoyens, des ménages, des entreprises, des collectivités qui produisent ou consomment réellement des biens et services (y compris par des échanges non marchands). Ils sont en dehors de l’économie spéculative, c’est-à-dire hors de la finance et de la bourse.
L’opposé de l’« économie réelle » n’est pas l’« économie virtuelle » mais la sphère financière dans ce qu’elle a de spéculative. Selon François Morin, un vrai spécialiste, les transactions de l’économie dite réelle auraient représenté en 2007 seulement 1,6 % de l’ensemble des transactions (financières et réelles)[1].
C’est-à-dire que sur 1000 euros qui circulent sur la planète, seulement 16 d’entre eux servent l’économie réelle, contre 984 € de transactions financières !
Par opposition aux « utiles », les inutiles sont toutes celles et tous ceux que l’économie réelle ne reconnaît pas, qui sont si bien rémunérés et qui ne servent pas l’utilité commune. Pour faire court, ce sont tous les spéculateurs, qui font de l’argent avec de l’argent, qui envahissent les bourses, les banques, le monde des affaires, qui pervertissent le monde politique, entretiennent le trafic de drogue, organisent et entretiennent les paradis fiscaux, etc.
Ils représentent des milliers d’emplois en France et des millions dans le monde qui ne servent à rien pour l’activité économique locale et concrète pour les habitants, citoyens, des ménages, des entreprises, des collectivités.
Ils sont, pour partie, dépeints dans le livre de Laurent Mauduit (LA CASTE- éditions La découverte -2018), ces pantouflards qui, comme le Président de la République et ses amis, voyagent entre le monde de la finance et Bercy. Cette petite minorité qui domine le monde pour asservir les gens utiles.
Que ces « inutiles » s’amusent entre eux pour alimenter le podium des plus riches du monde ne poserait pas de problème si le jeu ne consistait pas à s’accaparer tous les profits en renvoyant toutes les pertes sur les « utiles ». La caricature permet d’affirmer que ce sont les dividendes pour les inutiles et la rigueur pour les utiles.
Un peu le monde à l’envers non ?
D’où l’urgence de séparer les activités bancaires entre l’économie réelle des utiles et l’économie financière des inutiles.
Le Président Macron va-t-il faire sa révolution ? Va-t-il reformuler sa logorrhée pour reconnaître enfin que les gens qui ne sont rien sont les inutiles ?
[1] « La finance pèse-t-elle 100 fois plus que l’économie réelle ? 10 fois plus ? Bien moins ? » par Jean Gadrey, professeur honoraire d’économie à l’Université Lille 1 « Alternatives Economiques » 13 septembre 2014.
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Intéressant dialogue entre ces deux images…
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