Qui l’eut crut il y a 2 mois ?
Macron l’avait pourtant annoncé dans ses allocutions télévisées des 12 et 16 mars dernier, mais personne n’y croyait !
« Mes chers compatriotes, il nous faudra demain tirer les leçons du moment que nous traversons, interroger le modèle de développement dans lequel s’est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour. Beaucoup de certitudes, de convictions sont balayées, seront remises en cause. Les prochaines semaines et les prochains mois nécessiteront des décisions de rupture en ce sens. »
Franchement, moi non plus je n’y croyais pas trop ! Mais lorsqu’on prend connaissance des mesures annoncées on croirait lire le programme de la France Insoumise de Mélenchon ! Incroyable !
Rappelez-vous dès que Macron est arrivé au pouvoir en 2017. La transformation de l’ISF en un impôt sur l’immobilier (IFI) et la mise en place d’un taux forfaitaire (« flat tax ») sur les revenus du capital, plutôt qu’une imposition au barème progressif de l’impôt sur le revenu. Il revient sur ces mesures !
Le Président Macron a donc décidé, non seulement de rétablir l’ISF mais aussi de créer deux tranches supérieures d’impôts sur les revenus.
Ainsi en récupérant 3,5 milliards en impôt sur la fortune, en intégrant les revenus du capital dans les revenus imposables et en créant deux tranches supplémentaires et exceptionnelles d’impôts, l’État devrait récupérer plus de 40 milliards d’euros par an !. La première tranche exceptionnelle porterait l’impôt à 60% au delà de 120 000€ et la seconde à 80% au delà de 400 000 euros. Ces mesures devraient être reconduite au minimum pendant deux ans, voire plus selon la conjoncture économique. (tableau ci-dessous qui montre par exemple qu’en 1967 l’impôt était de 81% au delà de 86 800 euros)

Un coup de rabot sur les niches fiscales
Le Président demande à ses ministres des finances et du budget, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, de présenter pour l’automne une vaste réforme des niches fiscales visant à supprimer celles qui ne sont pas directement liées à la création d’emploi. Ce sera plus efficace que l‘appel aux dons lancé par Gérald Darmamin le 30 mars ! Selon le Trésor, le montant des niches fiscales atteint 100,4 milliards d’euros à la fin de 2018 et redescendrait à 98,4 milliards d’euros en 2019 après certaines suppressions. Mais selon la cour des comptes cela ne suffit pas (voir article ICI). Le Président veut suivre cet avis de la Cour des comptes en demandant à ses ministres de réduire de 20 milliards car trop de niches ne profitent qu’aux riches.
Réforme des baisses de charges accordées aux entreprises
Enfin, le Président décide de suspendre provisoirement les allègements de cotisations sociales qui sont venues remplacer le CICE pour un montant de 20 milliards annuels (voir article ICI). Ces 20 milliards n’ont créé, ou préservé, que 100 000 emplois ce qui fait dire au Président ; « Chaque emploi créé par ce dispositif coûte 200 000 € à la nation, ce qui n’est pas compréhensible lorsqu’une personne au SMIC coûte moins de 20 000 euros par an, charges comprises ! » Cette mesure sera remplacée par une baisse des charges ciblées (voir ci-après).
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Le Président a déjà annoncé le fléchage de ces nouvelles rentrées fiscales
Ainsi, ces 3 mesures radicales vont permettre à l’État de récupérer plus de 80 milliards d’euros par an. Sans dévoiler avec précision les mesures qui seront prises, le Chef de l’État annonce 5 priorités :
- Investir dans le système de santé qui doit se libérer des contraintes passées (On parle de 10 à 15 milliards, recherches comprises)
- Augmenter le SMIC de 5 % (ceci serait compensé par une baisse des charges qui modifiera celles qui remplacent actuellement le CICE – coût 15 milliards)
- Augmenter de 10% les salaires des fonctionnaires ( Coût 15 milliards)
- Rétablir l’indexation des salaires et des retraites sur le taux de l’inflation, comme c’était le cas avant 1983.
- Mise en œuvre progressive d’un « revenu de base », d’abord pour les agriculteurs (1000 € mensuels) et progressivement pour d’autres secteurs.
Ce plan de relance ne sera que le début des grandes réformes, car le Président Macron a décidé d’aller bien au delà des seules réponses économiques. Effectivement, inspiré sans doute par la sociologue Dominique MEDA, il estime que la crise sanitaire du Covid-19 doit redonner un statut à certaines professions essentielles à notre vie de démocratie et de société : personnels soignants, agriculteurs… La pandémie, doit conduire à réinterroger la valeur travail ! (L’article de Dominique MEDA; « La crise du Covid-19 nous oblige à réevaluer l’utilité sociale des métiers ») En quelques sorte, il veut réhabiliter les gens qui n’étaient rien !
Mais !
Comme le titre cet article du Point : Macron : « On se souviendra de ceux qui n’ont pas été à la hauteur ». Ainsi l’on peut s’attendre à un changement de gouvernement, voire éventuellement à une dissolution de l’Assemblée Nationale pour que toutes les forces politiques se rassemblent au sein d’un gouvernement provisoire, comme ce fut le cas de l’après guerre de juin 1944 à Octobre 1946.
En conclusion
Vous pourriez penser que ce changement radical qui intervient aujourd’hui, s’apparente à un poisson d’avril. En fait, vous avez raison ! C’est un poison d’avril, (pardon !oups ! un poisson d’avril ) sauf si les changements attendus se réalisent !

Nota: attention, rappelez-vous toujours que les promesses n’engagent que les gens qui les reçoivent !(Jacques Chirac)