
Il est pour moi étonnant d’entendre cette affirmation « ils sont tous pareils », de la part de personnes qui sont ordinaires pour ne pas se distinguer des autres. En disant cela, elles classent dans des tiroirs des gens sans les connaitre, sans prendre la peine d’approfondir leurs raisonnements, leurs pensées, leurs façons d’agir. C’est évidement bien plus confortable de juger que de comprendre. Cette paresse intellectuelle pourrait condamner toutes les espérances.
Ces paresseux de la réflexion sont pourtant nombreux et c’est peut-être là le drame de notre époque. Ils sont tous pareils ces politiques, ces syndicalistes, ces fonctionnaires, ces retraités, ces intellectuels, ces ouvriers, ces artisans, ces commerçants, ces patrons, ces employés, ces chômeurs, ces allocataires de minimas sociaux, ces immigrés, ces étrangers, ces catholiques, ces musulmans, ces homosexuels. Vous êtes concernés ? Il n’y aurait que moi de différent ?
« Ils sont tous pareils » c’est le slogan des paresseux, des populistes, des gens qui sont nés en ayant raison et qu’aucune culture, qu’aucun savoir ne peut enrichir. Ils resteront les pauvres de ce monde et la proie de ceux qui les encouragent à rester dans cet état de végétation sociale.
La meilleure forteresse des tyrans, c’est l’inertie des peuples, affirmait Machiavel. C’est sur cette évidence que se bâtit le raisonnement de notre Président de la République et, sous une autre forme, l’indigence du Rassemblement National.
A n’y prendre garde, en dehors de ces deux formes de dictatures de la pensée, il n’y aurait point de salut.
« Le Monstre doux » de Raffaele Simone, décrit parfaitement cette nouvelle forme de domination qui dégraderait les hommes sans les tourmenter.
« Isolés, tout à leur distraction, concentrés sur leurs intérêts immédiats, incapables de s’associer pour résister, ces hommes remettent alors leur destinée à un pouvoir immense et tutélaire qui se charge d’assurer leur jouissance (…) et ne cherche qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance. Il ne brise pas les volontés mais il les amollit (…), il éteint, il hébète. » (1)
Il ne faut pas remettre à d’autres notre destinée sans rechercher la vérité et la dire. Il ne faut pas simplement résister, mais il faut agir au quotidien pour revendiquer le droit à la différence, pour affirmer haut et fort ce qui nous semble juste et bon pour améliorer les conditions de vies de tous et de chacun.
Il faut réveiller les avachis par la culture du doute qui doit mettre en péril le confort de leur certitude.
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(ce texte est court pour le soumettre à la lecture de ceux qui sont tous différents sans le savoir)
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(1) [1] Raffaele Simone, « Le monstre doux » – Éditions Gallimard- Milan 2008