Comme j’ai pu l’exposer dans mes deux derniers articles, l’un sur l’inflation et les pauvres, l‘autre sur la situation d’un couple de retraités, l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon a connu une inflation de 80% en 20 ans, soit 40% de plus qu’en métropole. Il résulte de cette situation un taux de pauvreté important et des revenus qui ne suivent pas ! De l’aveu même de Madame le maire de Saint-Pierre, avec moins de 2 000 euros par mois, on ne peut pas vivre correctement dans l’archipel. (Place Publique de SPM la 1ère du 4 avril à 15’45 »)
Alors pour tous ceux qui ont moins de 2 000 euros par mois, que peut-on faire ?
Alors que peut-on faire et avec qui ?
L’archipel compte cinq acteurs essentiels pour agir :
- La mairie,
- Le Conseil Territorial (CT),
- La Caisse de Prévoyance Sociale (CPS)
- L’Etat, par le Préfet
- Les habitants.
Pour le moment, et nous pourrions dire par défaut, les gilets jaunes sont les seuls habitants qui s’organisent aujourd’hui pour tenter de construire des réponses durables. Pas de violence, pas de vociférations stériles, pas de permanence de député saccagée, mais un débat qui s’ouvre avec les acteurs locaux et qui devra se poursuivre dans cet état d’esprit.
Le premier pas sont ces premières rencontres avec la mairie et le Conseil Territorial. Les « gilets jaunes » rendront compte de ces entretiens au cours de la réunion publique qu’ils organisent ce jeudi 18 avril 20 h 30 à la mairie de Saint-Pierre.
La mairie et le Conseil Territorial font déjà pas mal de choses avec les moyens qu’ils ont. La CPS connaît aussi une action importante en faveur des plus démunis de l’archipel et c’est d’ailleurs le seul service public qui indexe la retraite sur le taux de l’inflation locale.
Le 29 avril les gilets jaunes seront reçus par Monsieur le Préfet pour prolonger ce qui vient d’être entrepris avec la mairie et le Conseil Territorial.
Pour quel objectif ?
L’objectif de ces premiers entretiens, Mairie, CT, Préfet, (et CPS à contacter en suivant), est d’abord de collecter des informations et d’émettre des idées « réalisables ». De travailler ensemble aux solutions.
Les premières mesures qui se profilent visent les prix, le pourvoir d’achat, la fiscalité et le logement. Nous sommes bien ici dans le cadre des revendications nationales des gilets jaunes, même si le contexte de l’archipel est aggravé, compte tenu de la cherté de la vie et de la difficulté de se loger à des loyers raisonnables.
La transparence des travaux de l’observatoire des prix, des marges et des revenus, l’indexation des salaires du secteur privée et des minima sociaux sur l’inflation locale, la place de Saint-Pierre-et-Miquelon dans le plan logement en Outre-Mer 2019-2022, sont les sujets qui seront abordés avec la Préfet de l’archipel et pourquoi pas avec la ministre des Outre-Mer qui est résidente de l’archipel.
Dans un premier temps voici les premières réactions de Madame le Maire de Saint-Pierre et du Président du Conseil Territorial, vu par SPM 1ère. (Le seul service public d’informations de l’archipel qui est actuellement confronté, lui aussi, à la casse du service public et en particulier de l’audiovisuel public)
Et les habitants ?
Tous les samedis, à 14 heures, quelques-uns d’entre-eux, dont je suis, se baladent dans les rues de Saint-Pierre avec leur gilet jaune pour afficher leur solidarité avec ce mouvement de la métropole qui se poursuit. A tour de rôle, chacun en fonction de ses possibilités, arbore les rues en discutant essentiellement des inégalités, de la précarité de certaines situations, du coût de la vie bien sûr, des petites retraites, des revenus du travail qui ne suffisent plus et qui motivent le départ de certains travailleurs qui vont voir ailleurs, etc. On y rencontre des personnes avec qui ont échange. Ensemble, on se sent moins seul !
Et les autres, ou sont-ils me lance une amie ? C’est un peu comme en métropole. Chacun a ses occupations, ses contraintes, et en plus, à Saint-Pierre, le regard des autres freine bien des enthousiasmes. Il faut faire avec. Le nombre de gens dans la rue n’est pas très important pour le moment. Les réunions publiques du jeudi soir sont plus fournies. Peut-être faudra-t-il monter d’un ton si les réponses ne sont pas apportées et là, effectivement, comme à l’époque, les solidarités devront s’exprimer avec plus de force car en participant à l’action, ici, à Saint-Pierre et à Miquelon, on défend des proches, une mère, un père, des grands parents, et les générations futures.
Le tourisme, les bateaux de croisières, les hôtels de luxe, le classement de l’archipel au patrimoine mondial de L’UNESCO, sont certainement de bonnes choses, mais les bonnes conditions de vie pour TOUS les habitants de l’archipel devrait aussi motiver tous les acteurs qui soutiennent ces projets.
à suivre…..