En supprimant le CICE le Gouvernement pourrait augmenter les fonctionnaires de 20% !

Avec le gel du point d’indice et le salaire au mérite, le Gouvernement veut rompre avec le principe d’égalité de traitement des fonctionnaires. C’est un peu comme si dans le secteur privé, les augmentations du Smic étaient accordées aux plus méritants ! En faisant cela, le gouvernement condamne la Fonction Publique et les Fonctionnaires. Pourtant 1% d’augmentation ne coûte qu’un milliard d’euros.

LE PRINCIPE D’EGALITE DE TRAITEMENT DANS LA FONCTION PUBLIQUE

Il s’applique à tous les fonctionnaires appartenant à un même corps ou cadre d’emplois, consacré par le Conseil Constitutionnel et le Conseil d’Etat, découle de l’article 6 de la Déclaration de 1789. Les fonctionnaires ont les mêmes droits et les mêmes obligations, à l’inverse des attitudes discriminatoires qui consistent à traiter de manière différente des personnes.

Si le gouvernement peut augmenter le traitement de certaines catégories d’emplois, il ne peut pas individualiser le salaire par une augmentation au mérite. Il ne s’agit pas ici pour le Président et le Gouvernement de récompenser les mérites et les compétences qui sont déjà rémunérés statutairement par une promotion ou par une prime, mais de trouver un système alternatif à l’augmentation généralisée des salaires des fonctionnaires.

D’ABORD, L’EVOLUTION DES TRAITEMENTS SUR 10 ANS = + 0, 96% !

En 10 ans le traitement des fonctionnaires à perdu 10,14% sur l’inflation, et 6,84% sur l’évolution de la richesse nationale. (PIB)

pouvoir achat fonctionnaire

OUI, DIT LE GOUVERNEMENT, MAIS LES FONCTIONNAIRES VOIENT LEUR SALAIRE EVOLUER DU FAIT DE LEUR ANCIENNETE ET DE LEURS AVANCEMENTS DE GRADE. C’EST UN FAIT ! MAIS DE QUOI PARLE-T-ON ?

Récompenser l’ancienneté par une augmentation de salaire est une pratique qui s’applique dans de nombreux secteurs d’activité en application des conventions collectives. Chaque salarié, chaque fonctionnaire, chaque travailleur acquiert de nouvelles compétences au fil des ans par l’expérience et la formation. La qualité du travail et du service en tire bénéfice et il est naturel de la récompenser par une augmentation de salaire. Comme il est tout à fait naturel que soient récompensés ceux qui prennent de nouvelles responsabilités.

Mais le fait d’intégrer ces augmentations méritées dans le cadre du seul maintien du pouvoir d’achat tient d’une perversion malhonnête. Elle sous tend que pour maintenir son pouvoir d’acheter il faut le mériter ! Si chaque année le SMIC est augmenté ce n’est pas pour récompenser le mérite mais pour simplement préserver le pouvoir d’achat de ceux qui travaillent à ce tarif là. Les fonctionnaires ne demandent pas davantage. Heureusement le salaire minimum de la fonction publique ne peut pas être inférieur au smic. Ce constat conduit progressivement à intégrer dans ce salaire minimum de plus en plus d’emplois et à gommer les qualifications. Ainsi le personnel qualifié se retrouve au même niveau que les non qualifiés. La motivation ne peut pas être au rendez-vous.

Ensuite cette logique conduit ceux qui ne sont pas fonctionnaires, les contractuels de catégorie C, les exécutants, les gens qui ne sont rien ( !), à perdre chaque année en augmentation de salaire l’équivalent de l’inflation. Ceux-là ne bénéficient d’aucune reconnaissance de leur ancienneté et c’est certainement la raison qui pousse le Gouvernement à multiplier les emplois précaires sans statut. Simple mesure d’économie en niant totalement la plus value de l’expérience et de la compétence.

LE MEPRIS DE L’EXPERIENCE ET DES COMPETENCES: UN CHOIX POLITIQUE CONTRE LES FONCTIONNAIRES !

Oui, pour 1% d’augmentation de la valeur du point d’indice représente un investissement de 1 milliards d’euros, c’est-à-dire trois fois moins que la suppression de l’ISF et vingt fois moins que le Contrat compétitivité (CICE) !

En supprimant le CICE, qui est totalement stérile en terme d’emploi créé, le gouvernement pourrait augmenter les fonctionnaires de 20%. Ils n’en demandent pas tant parce que tous les salariés méritent le maintien de leur pouvoir d’achat auquel doit s’ajouter, la reconnaissance de leur expérience, de leurs compétences et de leurs responsabilités. La moitié serait une simple mesure de rattrapage. 20 milliards pour les fonctionnaires et les salariés, c’est une injection directe dans la consommation qui elle, génère des emplois.

C’est donc un choix politique ! Rien à voir avec la reconnaissance de la grandeur de la Fonction Publique lorsqu’il s’agit de louer ici la qualité et le dévouement des fonctionnaires de Police, des hôpitaux, des pompiers, de la sécurité civile, de tous ceux qui, au quotidien, dans l’ombre, sont au service de l’ensemble des citoyens.

S’épancher sur des tombes un jour et dénoncer le coût des fonctionnaires le lendemain, c’est une sorte de populisme auquel se livre le Président de la République et son Gouvernement et ceci ne présage rien de bon.