J’ai le sentiment que la République n’est pas en marche dans le bon sens. Mais ce sentiment repose à priori sur une impression qui mérite d’être vérifiée par des faits concrets. Pour savoir si un problème existe, il faut observer l’écart entre la norme (le normal, la règle, la loi) et le réel (les faits). Si la réalité n’est pas conforme à la norme alors il y a un problème et, en matière de République, il y a un problème.
La norme dans notre République Française repose d’abord, sur ce qu’est une République et ce que sont ses valeurs.
La norme de la République :
C’est l’ensemble des biens, des droits, des prérogatives de la puissance publique et des services propres à un État. Elle est accessible également à tous ses citoyens. Elle est la propriété collective de tous. Elle s’oppose à la propriété privée, de sorte que tout ce qui n’est pas privé est public, et réciproquement. La chose publique comprend tout ce qui est public dans un pays donné : le domaine public, les services publics, la fonction publique, les juridictions publiques, etc.
Les valeurs de la République :
En France, pour s’organiser elle est administrée par la CONSTITUTION :
« PRÉAMBULE:
Le peuple français proclame solennellement son attachement aux Droits de l’Homme et aux principes de la souveraineté nationale tels qu’ils ont été définis par la Déclaration de 1789, confirmée et complétée par le préambule de la Constitution de 1946, ainsi qu’aux droits et devoirs définis dans la Charte de l’environnement de 2004. »
Le préambule du 27 octobre 1946 grave les valeurs de notre histoire commune de la République :
« Son principe est : « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ».
Il proclame, en outre, comme particulièrement nécessaires à notre temps, les principes politiques, économiques et sociaux ci-après : (extraits)
- La loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l’homme.
- Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi.
- Tout bien, toute entreprise, dont l’exploitation a ou acquiert les caractères d’un service public national ou d’un monopole de fait, doit devenir la propriété de la collectivité.
- La Nation assure à l’individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement.
- Elle garantit à tous, notamment à l’enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs.
- Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l’incapacité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence.
- L’organisation de l’enseignement public gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l’Etat.
- Elle garantit à tous l’égal accès aux fonctions publiques et l’exercice individuel ou collectif des droits et libertés proclamés ou confirmés ci-dessus. »
Lorsqu’on utilise le mot République, c’est une adhésion à tous les principes et valeurs qui la constitue.
Or, chacune et chacun, à son endroit, peut relever çà et là, un écart entre ce qu’impose ce préambule et la réalité du quotidien. Par exemple, la première inégalité qui contrevient aux valeurs de la République c’est l’impossibilité de travailler et d’obtenir un emploi, ou de ne pas obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence. Le fait de confier l’exploitation d’un service public à des entreprises marchandes contrevient aux valeurs de la République. Le fait de remplacer les fonctionnaires sous statut par des emplois précaire sous pression, rompt le principe d’égalité d’accès aux fonctions publiques et donc les valeurs de la République. etc.
Le déclin de la République par l’inertie du peuple
Chacune de ses atteintes est distillée par petites couches successives qui endorment le peuple et plongent la République vers le déclin.
Le chômage est devenu une évidence ! On ne peut pas donner un emploi à chacun !
Les privatisations de services public, (transports, communications, énergie, routes, santé, etc.) transforment une République de citoyen en une société de consommateur. Le plus grand nombre s’accommode de cette nouvelle évidence. Sauf que cette « évidence » porte atteinte au patrimoine de ceux qui n’ont rien (ou qui ne sont riens !). Le service public c’est un moyen d’assurer la solidarité entre tous pour que chacun puisse bénéficier d’un minimum vital. Lorsque tout se vend et tout s’achète et que l’on n’a pas le sou, il ne reste que la rue pour dormir. C’est une atteinte aux valeurs de la République.
Les mots ont du sens
Les mots ont du sens et, parce qu’ils veulent masquer leurs impostures, ces délinquants de la République veulent changer le sens des mots qui portent des valeurs de la République. Et ils y arrivent ! Ils transforment les cotisations sociales et impôts en charges injustes et indues, alors que ce sont les seuls moyens qui peuvent alimenter et organiser une République de Liberté, d’égalité et de Fraternité. Ils se disent républicain tout en foulant les valeurs de la République.
Le citoyen doit condamner toutes ces atteintes au droit commun et ne pas se laisser endormir par les mots des affairistes, banquiers, et autres qui ne servent en aucun cas les valeurs de la République mais les seuls intérêts de quelques-uns au détriment de tous les autres dont nous sommes.
L’abandon de ces valeurs fondamentales détruit progressivement les liens qui nous permettent de faire société.
Pour contrer cette évolution de la République vers le déclin, il faut s’imprégner de ce préambule de la constitution qui est notre bien commun, fruit de notre histoire, socle de nos valeurs. Isolé dans notre coin, nous ne pouvons pas faire grand-chose. Mais, chacun à son endroit doit agir au quotidien pour rappeler à ceux qui l’ont oublié que la République n’est pas un esprit partisan mais une source de Liberté, d’Egalité et de Fraternité.
A défaut nous ferons pleurer nos descendants !