Pouvoir d’acheter dans l’archipel

Une conférence a lieu ce mardi 13 septembre sur le pouvoir d’achat à Saint-Pierre. Elle se tiendra de 17h à 20h aux Terrasses du Port. Entrée libre (Voir communiqué préfet ICI). (1)

En un an, la métropole connaît une inflation de 5,58 %, pendant que l’archipel passe la barre des 9 %. Depuis plus de 20 ans, l’inflation locale est au double de l’inflation de la métropole. Nous sommes réellement des îles d’exception, car, lorsque l’archipel enregistre +9,32 % d’inflation sur un an, La Réunion est à + 3,8 %, la Martinique à +4,2 % et la Guyane, à +3,2 % (avril) etc. Sous réserve d’inventaire total, SPM détient le record.

Nous dépendons de tout !

Du cours des dollars

  • De l’évolution du cours du dollar américain (pour le pétrole notamment). En un an, il est passé de 1,20 dollar, à 1 euro pour 1 dollar, ce qui entraine mécaniquement une augmentation d’environ 20 % sur tous les produits importés.
  • Du cours du dollar canadien qui est passé de 1,57 dollar en juillet 2021 à 1,32 dollar pour 1 euro un an après. Ceci entraîne mécaniquement une hausse des prix des produits importés du Canada de près de 20 %.

Du coût des importations :

Pour exemple, le tarif pour un conteneur de 40 pieds est passé de 1 500 dollars à plus de 5 000 dollars sur la seule année 2021(graphique ci-contre).

En 2022, ce chiffre dépasse désormais les 9 400 euros et, depuis la crise covid, certains importateurs optent pour le règlement d’une garantie embarquement qui est facturée en dollars US (environ 1800 US par conteneur), comme le fret d’ailleurs, ce qui pose un problème supplémentaire compte tenu de la parité actuelle Euro/dollar.

C’est l’ensemble de ces frais + fret qui est pris en compte pour le calcul des droits et taxes à l’importation  à SPM, ce qui amplifie d’autant le coût final du transport à payer par les importateurs. Depuis début 2021 l’ensemble de ces frais de fret ont été multiplié par plus de 5 fois !!! (rappel : les droits de douane de manière globale c’est 49% collectivité, 51% mairies/CACIMA)

La Collectivité doit-elle continuer d’inclure les frais de transport dans le calcul des taxes ? Est-il logique qu’elle s’enrichisse sur ces évolutions alors qu’au bout du bout, c’est le consommateur de l’archipel qui paie toutes les additions ?

Du nombre d’intermédiaires.

Rappelez-vous la décomposition d’un prix des yaourts français qui partaient de métropole à 1,31 euro les 1,5 kg, pour arriver aux portes du magasin à 13,95 euros ! Soit multiplier par 10 ! (article du 21 février 2021 : Après les « Super-héros », voilà le « Super U » !) C’était en 2021 !

Le fret aérien est une ruine et le maritime devient hors de prix.

Sur quoi est-il possible d’agir en matière de pouvoir d’achat ?

Dans l’archipel, la composition des prix est observée, et seulement observée, car aucune décision n’a été en mesure d’en contenir le niveau. Depuis l’année 2000, l’inflation est au double de celle constatée en métropole et dans les territoires d’outre-mer ; 33,43 % métropole, contre 64,69 % à SPM).

Ce ne sera pas sur le cours des dollars, ni sur le coût du fret privé – sauf peut-être par des liaisons maritimes et aériennes directes avec l’archipel – ni sur les marges inconnues des commerçants. En réalité, les pouvoirs publics n’ont que peu de marge pour agir sur les prix.

Si les pouvoirs publics ne peuvent agir réellement sur les prix, comme c’est le cas depuis 1992, alors il faut qu’ils agissent sur les revenus.

La majorité des habitants sera confrontée à des choix. Pour continuer à se nourrir, pour certains, ce sera moins de sorties, moins de repas au restaurant ou chez le traiteur, moins de loisirs. Pour d’autres, ce sera moins de chauffage, moins d’habillement, moins d’équipement, moins d’entretien du logement, moins d’achats secondaires, etc. Pour beaucoup, cela deviendra une vie sans ces petits plaisirs qui permettent d’apprécier la vie sur ces petites îles perdues dans l’océan.

Enfin, pour d’autres encore, ce sera le départ du territoire, car en dessous d’un revenu minimum de 2 500 euros pour une personne seule et de 3 500 euros pour un couple, la vie devient ici un cauchemar chaque fin de mois.

Lorsque l’on observe les libéraux qui nous gouvernent depuis 30 ans, et Macron poursuit la même voie, l’on est en droit de penser que l’archipel n’est pas un sujet pour eux. La cession au Canada, rattachée au Québec, sera-t-elle la solution ? En observant l’abandon inflationniste de la métropole, il est logique de se poser la question.

La conférence pourra-t-elle transformer le « ressenti » des consommateurs en espérance pour un meilleur avenir ? Voyons ce que le préfet, qui organise cette conférence, sera en mesure de proposer pour rassurer la population.

__________

(1) N’étant pas dans l’archipel ce jour-là, je ne pourrai pas assister à cette conférence.