Avant-propos :
Je ne sais pourquoi, j’ai repris mon clavier ce matin ! Peut-être pour témoigner de mon attachement à ce lieu de vie qui compte bien des atouts pour offrir des conditions de vie très appréciables que beaucoup de métropolitains pourraient nous envier. Pour cela, je reprends en grande partie un article que j’avais publié en 2023 et que j’ai mis à jour ci-dessous.
__________
Il est des constats incontournables qui tendent à démontrer que l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon deviendra dans quelques années une réserve d’irréductibles pieds rouges (1) attachés à leur terre natale.
Les fonctionnaires retraités voient leur pension de retraite baisser au même niveau que celui en vigueur en métropole, alors que le coût de la vie est ici supérieur de 40 % ! En résumé, un fonctionnaire retraité à Saint-Pierre-et-Miquelon, a un niveau de vie inférieur de 40 % à celui qu’il aurait s’il vivait en métropole. Il en est de même pour les handicapés et les invalides. Résultat : ils partent !
Le manque de main d’œuvre dans le secteur privé bat son plein si l’on en croit les employeurs locaux. Ces derniers ont de plus en plus de mal à trouver des ouvriers qualifiés et lorsqu’ils en trouvent, ils sont souvent happés par les employeurs publics.
Les classes se vident et les écoles ferment.
- 2016 – regroupement des écoles à Miquelon (l’école du socle) ;
- 2019 – La fermeture d’une maternelle privée (l’école maternelle Saint-Louis de Gonzague) ;
- 2020 fermetures des classes CP et CE1 (école Henriette Bonin) ; 80 élèves en moins en 3 ans.
- Rentrée 2021/2022, fermeture de l’école Henriette Bonin !
Etc ! Faut-il en ajouter ?
Depuis 1992, fin de l’activité pêche dans l’archipel, aucune activité économique n’est venue compenser les pertes d’emploi !
Depuis 1999, l’archipel a perdu 500 habitants. Une tendance qui s’accélère ces dernières années et qui dépasse nettement les projections réalisées par l’ONU, tablant sur 4 905 habitants en 2050, soit 1 000 habitants de moins qu’en 2023 ! Si la courbe maintient son rythme actuel, ce chiffre de 4 900 habitants en 2025 pourrait devenir réaliste !
Il est possible de projeter tous les rêves pour qu’une nouvelle activité, créatrice d’au moins 500 emplois, vienne sauver Saint-Pierre-et-Miquelon. C’est un couplet récurent depuis plus de 20 ans ! Même si le tourisme semble porter aujourd’hui un frémissement intéressant, il ne sera pas suffisant pour inverser cette courbe.
En attendant, on fait quoi ?
Dans un premier temps, il serait urgent de stopper l’émigration pour favoriser l’immigration !
Si l’archipel compte de nombreux atouts pour proposer des conditions de vie agréable à de nombreux habitants, le coût de la vie devient insupportable pour beaucoup d’autres.
Les pouvoirs publics n’ayant pas les moyens d’agir sur les prix, ils pourraient le faire sur les revenus.
Si les fonctionnaires en activité restent, si les « mercenaires des Outre-mer » viennent ici pour bénéficier de cette majoration de salaire en faisant le tour des territoires, il est évident qu’en supprimant cette « prime d’insularité », plus personne ne viendra ici pour occuper un emploi public ! (Il serait intéressant de connaitre le nombre de départs de fonctionnaires retraités depuis que leur majoration de retraite a été supprimée).
Ce qui fonctionne bien pour le secteur public doit être mis en œuvre pour le secteur privé ! Mais comment ?
Les employeurs du secteur privé peuvent difficilement majorer les salaires fixés par les conventions collectives nationales pour compenser l’inégalité territoriale. Seul l’État compense quasi intégralement cette inégalité pour les empois publics en leur accordant une majoration de rémunération allant de 40 % à 70 % !
Tous les salaires, fixés par les conventions collectives nationales, les retraites, devraient être majorés de 40 % minimum. Comment ? Par une prime d’insularité prise en charge par l’Etat ! Compliqué avec les gouvernements actuels, car il faudra passer par la loi. Et tant que ces gouvernements ne favoriseront que les « riches », les autres devront attendre un réel changement !
Pour rappel :
Depuis que l’indice des prix existe à Saint-Pierre-et-Miquelon (1996), l’écart des points d’inflation est de 36,94 % ! Sur cette période de 28 ans, les prix ont augmenté de 81, 74 % dans l’archipel, contre 36,94 % en métropole.
Rappelons que le SMIC évolue de la même façon sur les deux territoires. Cela revient à dire, que les salariés de Saint-Pierre-et-Miquelon qui sont actuellement au SMIC (peu, j’en conviens), ont perdu 36,94 % de pouvoir d’achat, c’est-à-dire environ, 500 € par mois en 2025 !!!
Plus l’écart se creuse entre l’hexagone et l’archipel, plus le nombre d’habitants diminue ! C’est un constat ! Le reste tient du bla-bla !
Et puis c’est tout ! Je retourne à mes pinceaux !
__________
(1) « Autrefois, les ‘Pieds rouges’, c’étaient les Normands qui pêchaient dans l’eau froide, et qui avaient les pieds rougis par le froid dans la baie du Mont-Saint-Michel« , explique Josée Quédinet de l’association Pieds rouges. Venus de là-bas vers Saint-Pierre-et-Miquelon, ils ont gardé ce surnom.
__________
Cette toile de Jean-Claude Girardin était un message adressé au ministre de l’époque. La corde de l’archipel est mince, mais solide. Celle de la métropole s’effiloche !
« soleil du nord et brouillard d’anse »
Le Blog de Denis Garnier 