Du travail au capital : contre la dérive du système, quelles solutions ?

Comme à Philadelphie, priorité à l’emploi

Inutile d’inventer de nouvelles propositions car ces dernières existent. Elles sont formulées par le collectif Roosevelt 2012 auquel j’ai apporté mon soutien.

La Conférence affirme à nouveau les principes fondamentaux (…) :

Le travail n’est pas une marchandise ;
La pauvreté, où qu’elle existe, constitue un danger pour la prospérité de tous ;
Convaincue qu’une paix durable ne peut être établie que sur la base de la justice sociale, la Conférence reconnaît l’obligation solennelle (…) de réaliser :
La plénitude de l’emploi et l’élévation des niveaux de vie;
La possibilité pour tous d’une participation équitable aux fruits du progrès en matière de salaires, de durée du travail et autres conditions de travail, et un salaire minimum vital pour tous ceux qui ont un emploi et ont besoin d’une telle protection.

3 priorités :

  1. Eviter l’effondrement
  2. Créer massivement emplois
  3. Changer l’Europe pour changer la mondialisation

9 mesures d’urgence pour éviter l’effondrement

  1. Monétiser les vieilles dettes
  2. Créer un impôt européen sur les dividendes
  3. Mettre fin au sabordage fiscal national
  4. Lutter radicalement contre les paradis fiscaux
  5. Sécuriser les salariés, lutter contre les licenciements
  6. Sécuriser les chômeurs
  7. Séparer les banques de dépôt et les banques d’affaires
  8. Créer une Taxe sur les Transactions financières
  9. Lutter contre les délocalisations.

Si vous voulez en connaître davantage :

Mettre fin au dumping fiscal européen, créer un impôt européen sur les dividendes. Au niveau européen, le taux moyen d’impôt sur les bénéfices a baissé d’un tiers en vingt ans. Ce dumping fiscal est l’une des causes importantes de l’endettement public. Jamais il n’y a eu autant de bénéfices mais jamais l’impôt sur les bénéfices n’a été aussi faible.

Mettre fin au sabordage fiscal national et oser une vraie « révolution fiscale » Après avoir prouvé que l’impôt sur le revenu est de moins en moins progressif, Piketty et ses amis proposent un nouvel impôt sur le revenu, qui remplacerait un grand nombre de taxes existantes, notamment la contribution sociale généralisée (CSG), l’actuel impôt sur le revenu (IRPP), le prélèvement libératoire, la prime pour l’emploi, le « bouclier fiscal ». Ce nouvel impôt sur le revenu sera prélevé à la source sur les revenus du travail et du capital suivant un barème clairement progressif. Une partie des recettes de ce nouvel impôt sur le revenu sera affectée aux dépenses sociales, de la même façon que l’actuelle CSG.

Lutter radicalement contre les paradis fiscaux. Le dernier rapport du Sénat montre que la fuite vers les paradis fiscaux provoque chaque année un manque à gagner de l’ordre de 40 milliards pour le budget de notre pays.

  • En rendant obligatoire la transparence des comptes des entreprises
  • En transposant au niveau européen l’apportionment existant aux Etats‐Unis, qui oblige chaque entreprise trans‐étatique à déclarer sa masse salariale, son chiffre d’affaires et ses investissements État par État.
  • En boycottant les entreprises ayant des filiales dans ces paradis fiscaux :

Sécuriser les salaries, Lutter contre les licenciements. Une entreprise qui voit baisser son chiffre d’affaires de 20 % va baisser son temps de travail de 20 % et garder tous les salariés. Le salaire baisse mais l’État maintient l’essentiel du revenu. Cela revient moins cher de maintenir le revenu d’un salarié qui baisse son temps de travail que de financer un chômeur si l’on tient compte de tous les coûts induits et des pertes de rentrées fiscales et sociales.

Sécuriser les chômeurs. Pour éviter que le chômage ne soit synonyme de précarité, de pauvreté ou de déqualification, il faut regarder ce qui se fait au Danemark en matière de sécurité et d’accompagnement des salariés au chômage. La plupart des salariés qui perdent leur emploi peuvent conserver 90 % de leur revenu pendant quatre ans, dès lors qu’ils sont bien en recherche d’emploi ou en formation.

Interdire aux banques de spéculer avec notre argent, séparer les banques de dépôt et les banques d’affaires. Séparer les banques de dépôt et les banques d’affaires, c’est le meilleur moyen d’empêcher les banques de prendre nos gouvernements en otage quand elles font des pertes sur leurs activités risquées. Pour protéger l’épargne des citoyens et ne pas faire courir de risques aux finances publiques ni au financement de l’économie réelle, le principe d’une séparation étanche entre banques de dépôt et banques d’affaires vient d’être acté en Grande‐Bretagne, mais les lobbies ont obtenu que son application soit repoussée à… 2019 ! C’est évidemment beaucoup trop tard. Vu le risque qu’une crise majeure éclate bientôt sur les marchés financiers, il faut mettre en œuvre cette réforme sans tarder pour protéger l’économie réelle. En 1933, aux Etats‐Unis, les banques n’ont eu que quelques semaines pour la mettre en œuvre et elles n’en sont pas mortes.

Créer une vraie taxe sur les transactions financières. Si une telle taxe avait été créée en 2008, même à un taux très faible, elle aurait déjà rapporté entre 300 et 600 milliards. La taxe Tobin votée en France est un premier pas mais n’est évidemment pas suffisant. Elle ne concernera que 109 sociétés et rapportera seulement 1 ou 1,5 milliards par an. On est encore très loin d’une vraie Taxe Tobin instaurée au niveau européen sur l’ensemble des transactions financières.

Pour lutter contre les délocalisations, il faut imposer le respect des normes sociales et environnementales dans le commerce mondial en convoquant un nouveau sommet de Philadelphie. En 1944, avant de convoquer le sommet de Bretton Woods qui va reconstruire le système financier international, Roosevelt organisait le sommet de Philadelphie, qui adoptait comme priorité absolue le respect d’un certain nombre de règles. Rien n’oblige à laisser la mondialisation sans règles sociales ni écologiques. Pendant quarante ans, l’Europe a été un espace de régulation et la mondialisation a fonctionné avec des règles sociales. Si l’on veut éviter l’effondrement de nos économies et le développement de logiques guerrières, il est urgent de faire revivre, très concrètement, l’esprit de Philadelphie. »

Conclusion :

Pour que le monde du travail retrouve son niveau de vie des années 70, tant au niveau de la France que de l’Europe et plus généralement sur la planète, il convient de mettre en place les conditions de la rupture. La spéculation contre l’économie réelle ne peut pas être la solution et la gauche ne peut accompagner cet état.
C’est pourquoi les mesures ci-dessus sont les premières marches de cette rupture. Se contenter d’accompagner socialement la spéculation sans s’attaquer aux racines du mal mettra en cause la démocratie et donc la paix.