Jean-Paul Blin est décédé cette nuit et je présente mes sincères condoléances à tous ses proches.
Lorsque je suis venu la première fois à Saint-Pierre-et-Miquelon, en 2003, c’est avec lui que j’ai passé quelques soirées. Il m’a raconté avec passion une partie de l’histoire sociale de l’archipel que j’ai pu largement rapporter en introduction dans mon livre de 2014, « Les pacific’acteurs ».
Je l’avais appelé Michel dans ce livre qui rapporte le conflit du CHFD de 2013. En voici un extrait :
« Je ne suis pas un grand spécialiste de cette région, ni de son histoire. Mais, de mon précédent voyage (2003), je retiens les passionnantes discussions avec des Saint-Pierrais ou des Miquelonnais. J’ai ressenti leur amour du pays, de leur caillou. Le caillou, c’est ainsi qu’ils nomment avec affection leur île de Saint-Pierre ! L’histoire ne les quitte pas. Elle est empreinte de fierté et, comme toutes les histoires, elle est fissurée parfois de quelques écarts marginaux. Les conflits sont ici très tendus et parfois violents. Le fait de me plonger au cœur de l’un d’entre eux ne me rassure pas.
Le souvenir des soirées passées avec le vieux Michel ressurgit instantanément.
Le vieux Michel, c’était un militant syndical de la pire espèce pour un patron et le meilleur pour défendre le bout de gras des ouvriers de l’usine à poisson qui était, à son époque, la principale activité de l’archipel. Avant son départ à la retraite, en 1995, il organisait l’activité syndicale de tous les secteurs. La solidarité ! C’était son mot. Mais, surtout, j’ai eu la chance de pouvoir l’écouter. «
Quelques lignes plus loin, il se lâche :
« La grève ici, c’est pas pour taper sur un tambour ou souffler dans une trompette. La grève, c’est la guerre pour nos revendications. Ils ne veulent pas négocier. Alors, c’est la guerre. On bloque tout. La Mairie, la Préfecture, les entreprises. Tout quoi ! »
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(un billet complémentaire sur ces témoignages de conflits sociaux à Saint-Pierre, ICI)
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Avec Max Olaïzola (qui nous a quitté aussi, il y a quelques mois) et quelques autres, ils formaient une redoutable équipe syndicale pour le plus grand bien des travailleurs de l’archipel.

