Les certitudes triomphantes ne sont-elles pas l’apanage des sots ?

Le contraire de tout s’oppose aux vérités de chacun dans un concert d’invectives qui range Michel Audiard dans la classe des poètes disparus. Apollinaire n’était pas mal non plus. Qui à tort, qui a raison ? Le philosophe François Chatelet pourrait inspirer des éléments de réponse pour que triomphe l’intelligibilité. Les certitudes triomphantes ne sont-elles pas l’apanage des sots ?

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Poètes et poétesses COVIDiens et COVIDiennes, bonjour.

Commençons par Michel Audiard dans les Tontons flingueurs :

« Moi, les dingues, j’les soigne. J’m’en vais lui faire une ordonnance… et une sévère ! J’vais lui montrer qui c’est, Raoul. Aux quatre coins de Paris qu’on va le retrouver, éparpillé par petits bouts, façon puzzle. Moi, quand on m’en fait trop, j’correctionne plus, j’dynamite, j’disperse, j’ventile ! »

Dans cette célèbre tirade, Raoul ne prend pas de « T » à la fin. Sinon, un « pro » ou un « anti » aurait pu la reprendre pour la mettre dans la bouche du célèbre professeur à l’adresse des dingues. C’est tout de même plus poétique que les termes qui s’échangent sur les réseaux sociaux entre les « antis » et les « pros » sans pouvoir départager les plus idiots. La bêtise et l’intelligence sont des domaines bien partagés.

La poésie permet de tout dire. Avec douceur souvent, mais aussi d’une manière plus cinglante comme ce fut le cas à l’adresse d’un imbécile qui m’insultait à propos d’un article publié et qui devait contredire sa vérité. J’avais emprunté ces quelques vers de Guillaume Apollinaire extrait de la Chanson du mal aimé

« Poisson pourri de Salonique
Long collier des sommeils affreux
D’yeux arrachés à coup de pique
Ta mère fit un pet foireux
Et tu naquis de sa colique
 »

Les échanges insultants se sont arrêtés. Audiard aurait pu m’objecter, « Faut pas parler aux cons, ça les instruit » .

Il est des poèmes comme du reste. Notre belle langue permet toutes les expressions. Il faut toutefois reconnaître que celles qui sont parfois employées dans les pages de Facebook et autres, se démarquent nettement de la poésie ordinaire. L’insulte remplace l’argument. Elle devient l’arme suprême de ceux qui n’ont plus rien à dire et qui sont incapables de raisonner ou d’apporter une sereine contradiction. Il y a aussi les lourds, ceux qui restent figés dans une vérité absolue qu’aucun argument ne peut atteindre. Ils reprennent inlassablement le même refrain qu’il convient parfois de dépoussiérer pour ne pas encombrer les pages Facebook et autres.

Si l’on écrit, c’est pour partager de l’information, exposer notre regard sur l’actualité. Les retours pertinents permettent d’évoluer, d’enrichir notre propre analyse. Aucune insulte, aucun dogme, aucune certitude n’est utile à cela.

Vous aurez remarqué, dans la crise que nous traversons, que les faits ne sont plus les éléments déterminants permettant à chacun de forger un raisonnement. Nous sommes passés des masques inutiles aux masques obligatoires ; des tests superflus, aux tests utiles ; des vaccinés protégés, aux vaccinés contagieux, etc.

Ainsi sont créés et opposés, les « pro-vax » et les « anti-vax », les « pro-pass » et les « anti-pass », comme si tout devenait noir ou blanc, vrai ou faux, vaccins contre traitements, vaccinés contre non-vaccinés, les « raisonnables » contre les complotistes, etc.

Pourtant, autour de moi, dans la vraie vie, je ne rencontre pas cette violente opposition entre les gens qui pensent différemment. La rencontre physique impose le respect. Il est certainement plus facile de s’invectiver par claviers interposés que d’exposer calmement un point de vue différent. Mon expérience Facebookienne m’apprend qu’un vif échange au départ peut se terminer autour d’un verre dans un bar, ou, si l’interlocuteur est lointain, par des échanges de mails. Ceci est impossible avec les grossiers personnages, les intégristes de la pensée unique, avec les dogmatistes qui expriment leurs opinions d’une manière impérieuse et tranchante. Circulez, j’ai raison !

La raison ? « Une histoire de la raison » est un livre de François Chatelet que je vous conseille. Il pourrait être la raison de mon expression quotidienne ?

« Ceux qui ont vu les idées ont désormais l’obligation d’aider leurs semblables, qui n’ont pas eu ce privilège, à lutter autant qu’il est possible contre l’emprise du malheur étant bien entendu que cette lutte n’est jamais terminée, qu’il faut toujours se battre pour le triomphe de l’intelligibilité ».

Il nous faut donc encourager les expressions contre l’emprise du malheur, contre les vérités toutes faites, contre la pensée unique. Opposons-lui des idées pour que triomphe la connaissance et l’intelligibilité.

Pour revenir dans l’arène COVIDienne dans laquelle s’affrontent les gladiateurs des temps nouveaux ouvrons notre regard sur le champ des possibles.

« Il n’y a pas de vérité scientifique unique et irréfragable concernant la vaccination. La question ne saurait être tranchée de manière binaire et sur le mode manichéen. Nous n’avons pas à devoir choisir entre la possibilité vaccinale en tant que solution unique ou bien son bannissement au profit de traitements médicamenteux : il y a un continuum possible entre ces deux pôles et on peut admettre des recouvrements entre ces deux positions. La vérité est faite de multiples tenants et aboutissants : les vaccins seuls ne permettront pas l’éradication de cette crise virale ». (article complet ICI)

Ce scientifique a-t-il raison ou tort ? Avons-nous des éléments tangibles à lui opposer ? À défaut, n’est-il pas possible de penser que le tout vaccinal conduit par le gouvernement Français est une hérésie ?

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« Les certitudes triomphantes sont l’apanage des sots. »

Victor Cherbuliez ; Après fortune faite (1896)

6 commentaires

  1. « Il n’y a pas de vérité scientifique unique et irréfragable ».

    Il ne faut pas confondre la science et la recherche scientifique.
    La recherche scientifique avance d’hypothèse en hypothèse. La première est infirmée ou confirmée par de nouvelles recherches, le plus souvent en partie. Donnant lieu ainsi à de nouvelles hypothèses qu’il faut vérifier.
    La science, elle, fait état des résultats de la recherche scientifique. Elle est unique et irréfragable … pour autant que l’on n’oublie pas de dire que ceux sont les résultats de la recherche, provisoires par définition. Sauf dans de rares cas où la recherche aboutit à une vérité intangible : la terre tourne autour du soleil, la lune ne montre que la même face face à la terre et … la variole a été éradiquée grace aux vaccins !
    Pour en revenir au Covid, la recherche avance d’hypothèse en hypothèse. La science peut donc affirmer que, PROVISOIREMENT, la vaccination semble constituer une barrière efficace contre le virus ; et que les traitements symptomatiques semblent avoir améliorer la prise en charge des malades graves grace aux corticoïdes, aux anticoagulants et à l’oxygénothérapie qui, sans s’attaquer au virus, réduisent l’atteinte pulmonaire des cas graves.
    Dans 20 ans, peut-être avant, la recherche scientifique permettra peut-être à la science de donner une vérité unique et irréfragable.

    En attendant, méditons la maxime de Montaigne :
    « Frottez et limez votre cervelle à celle d’autrui ».

    et celle de Rabelais dans l’éducation de Gargantua :
    « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».

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  2. Les masques ont toujours été une solution face aux maladies de ce type, les pays asiatiques les portent régulièrement. L’OMS les a préconisé depuis janvier 2020.
    Pour les tests : tester, tracer, isoler, c’est aussi la méthodologie préconisé par l’OMS en 2020.

    Ne confondez pas discours politiques et sciences.

    Et pour l’article partagé : vous appelez ça un article scientifique ? Un ramassis de dire de journaux, d’affirmations et de chiffres détournés. Ce n’est pas de la rigueur scientifique, mais de la désinformation crasse. Savoir le reconnaitre c’est savoir s’informer.

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    1. Votre réponse correspond bien au titre de l’article. Qui a dit que c’était un article scientifique ? C’est vrai qu’en commençant par les Tontons flingueurs  » ça fait presque cours magistral de médecine, spécialité psychiatrie. Oui, vous avez raison tester, tracer, isoler sont les méthodes qui ont été recommandées par l’OMS dès le début, mais la France n’avait ni masque, ni test, ni lits de réanimation, ni oxygène, etc. Effectivement il ne faut pas confondre politique et science, mais ce n’est pas à mon endroit qu’il faut adresser ce message, mais plutôt à ceux qui nous gouvernent qui ont fait d’une épidémie une affaire politique gérée par un Conseil de défense qui suit les consignes d’un cabinet de consultants Américain. Quant à l’article du CRIIGEN, et les deux pages de références qui suivent, je suppose que vos compétences sont au-dessus du lot de chercheurs cités pour les contester de la sorte. Moi, je pense que ce sont des gens sérieux qui viennent de gagner un procès historique sur les pesticides. En fait, je pense que le seul défaut que vous puissiez leur reprocher c’est de ne pas se coucher devant les scientifiques de plateaux télé aux nombreux conflits d’intérêts. Moi, Monsieur, je serais vous, (ce qui marque une certaine distance), je prendrai le temps d’attendre avant de passer pour le sot aux certitudes triomphantes.

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  3. Quand on déclare des choses comme « 60 % des patients hospitalisés en état sérieux ont été vaccinés » (mis en gras) : c’est juste de la désinformation pour tout ceux incapable de faire des maths / stats (les explications là sur pourquoi ces 60% prouvent l’efficacité du vaccin : https://twitter.com/Nicolas_Jacob_/status/1428377398161117186 et NB on y critique aussi le com’ des labos pharmaceutiques). Quand ça vient d’un scientifique, certes pas virologues mais tout de même spécialiste en « biochimie, microbiologie et toxicologie environnementale » c’est de la désinformation ou de l’incompétence.

    Raoult sort 3 livres depuis le début de la pandémie, il est invité un peu partout, … mais oui on se demande bien qui profite de ce statut de « résistant anti big pharma ».

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    1. Cher Monsieur,
      Je note que le passage que vous citez dans l’article publié par le GRIIGEN ( “60 % des patients hospitalisés en état sérieux ont été vaccinés” (mis en gras), est référencé à la lettre « h ». Je suis allé voir de nouveau cette référence et on y apprend du « Jérusalem post du 17 juillet 2021 que :
      « À l’heure actuelle, environ 60% des patients dans des conditions graves ont été vaccinés. De plus, selon des chercheurs de l’Université hébraïque qui conseillent le gouvernement, environ 90 % des personnes nouvellement infectées de plus de 50 ans sont complètement vaccinées . »
      Et donc je ne vois pas ou se trouve la désinformation, voire l’incompétence des auteurs ainsi que le nom de ce Mr Nicolas Jacob que vous citez. Le seul Nicolas cité dans l’article est Nicolas II !
      Le reste du commentaire vous appartient.
      Bien à vous.

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  4. La démonstration évoquée par Eric est exactement celle que j’ai été incapable de refaire mais que j’avais étudiée et vérifiée. Le lien est là. Il est précieux car il montre comment certains calculs sont viviés à la base.

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